«Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres», c’est avec cette devise que l’activiste Karim Arfa a décidé d’apporter sa pierre à l’édifice pour améliorer le quotidien de ses compatriotes. Après plusieurs actions menées dans différentes régions du pays, aujourd’hui, c’est à Jendouba qu’il a laissé son empreinte : il a construit un pont entre deux rives d’un oued à Ouled Slama, de la délégation Balta Bou Aouane, au grand bonheur des enfants du village, qui désormais ne seront plus coupés du monde lors des grandes pluies. Karim Arfa raconte à Kapitalis cette belle aventure humaine…
Par Yûsra Nemlaghi
Inauguré hier, jeudi 4 février 2021, symboliquement par « Khalti Zohra« , une dame âgée du village qui a toujours appelé les autorités à construire un pont pour la sécurité des enfants, obligés de traverser un pont suspendu de fortune, fabriqué avec des planches en bois, menaçant de céder à tout moment et qui oblige les élèves à ne pas se rendre à l’école lorsque de fortes pluies tombent sur la région.
«Il n’y a pas plus beau que le sourire d’un enfant..»
«Chacun peut apporter quelque chose, construire, bâtir, apprendre, enseigner, embellir… Chacun à sa manière, avec ses moyens, aussi petits puissent-ils être, peut tendre la main et rendre le sourire à ses compatriotes et il n’y a pas plus beau que le sourire d’un enfant, d’un être humain», indique Karim Arfa, artisan spécialisé dans le recyclage de la ferraille et engagé «pour le bonheur des Tunisiens»
L’activiste a fabriqué le pont dans son atelier à El-Mourouj (sud de Tunis), où il habite, puis il a été aidé par les autorités locales de Balta Bou Aouane, qui sont intervenues pour répondre à toutes les exigences et faciliter les travaux permettant l’installation du pont.
«L’accès au village est difficile et pénible, nous avons eu notamment recours à des ânes pour transporter le matériel. Mais rien n’est impossible. Quand on veut, on peut!», ajoute-t-il, en expliquant avoir voulu que l’inauguration de ce pont ne soit pas «officielle» et qu’elle soit effectuée par Khalti Zohra, l’ancienne du village et en présence des enfants.
«Dans une ambiance joyeuse, marquée par les éclats de rires des petits et la joie des grands, nous avons inauguré le pont lors d’une cérémonie à laquelle ont participé une députée et un délégué, en nous réjouissant de savoir, que les pluies n’isoleront plus les villageois et ne priveront plus les élèves d’emprunter le chemin de l’école», ajoute M. Arfa.
Il a en outre déploré la lenteur des procédures et appelé les autorités à plus de collaboration pour faciliter de pareilles actions, sachant que l’activiste a également besoin d’aide financière pour redonner vie à la ferraille usagée et abandonnée dans les décharges, parfois dans les établissements ou encore les écoles.
«Ensemble nous pouvons tout faire»
Karim Arfa, n’en est pas à sa première action, il fait du bien à l’environnement en recyclant la ferraille, notamment en construisant des bancs d’écoles, des bennes à ordures et des meubles, pour les parcs, les hôpitaux entre autres endroits.
Sa dernière action, a été menée en janvier dernier, dans sa ville natale à Siliana, où il a transformé un gourbi, où se rassemblaient des jeunes pour boire, fumer et se droguer, en bibliothèque pour les enfants du quartier.
Karim Arfa a par ailleurs tenu à adresser un message aux Tunisiens : «il est vrai que les autorités ont l’obligation de se charger de ces services, mais si elles ne le font pas, nous citoyens nous ne devons pas rester les bras croisés. Les gouvernements et les responsables se succèdent, changent et partent..mais le peuple et le pays, eux ils restent», a-t-il dit, avant de conclure «Nous ne devons jamais hésiter à entreprendre une action pouvant embellir notre pays et améliorer le quotidien des nôtres. Ensemble nous pouvons tout faire et j’insiste : rien n’est impossible».
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