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Pour la défense du Pr Amine Mahfoudh et des libertés académiques

Dans un communiqué publié à Tunis, aujourd’hui, samedi 20 février 2021, signé de son président Habib Mellakh, l’Association tunisienne de défense des valeurs universitaires (ATDVU) «dénonce la campagne médiatique calomnieuse contre le Professeur Amine Mahfoudh ainsi que les violences verbales et morales qu’il a subies et les menaces croissantes dont il est la cible».

Amine Mahfoudh, Professeur de droit à la Faculté des sciences juridiques et politiques de Sousse, est depuis quelque temps la cible d’une attaque hargneuse et orchestrée, menée sur les réseaux sociaux à la suite de l’incitation d’un député extrémiste siégeant à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), qui ne cesse d’être hostile aux libertés en général et à la liberté d’expression et aux libertés académiques en particulier. Cela s’est produit à la suite de l’avis scientifique rendu par le Pr Mahfoudh sur la crise actuelle du gouvernement en sa qualité de spécialiste du droit constitutionnel et aussi parce qu’il a choisi la «Constitution du 27 janvier 2014 et l’islam» en tant que sujet d’examen pour la matière «Théories des systèmes politiques» enseignée en première année du mastère de recherche en droit public, à la Faculté des sciences juridiques et politiques de Sousse.

Immédiatement après l’examen, le député susmentionné a accusé le Pr Mahfoudh de «flatter sans vergogne le président de la république» et d’«asservir la science à sa doctrine stalinienne momifiée». Il a mis, dans une allusion claire aux cours et au sujet d’examen du Pr Mahfoudh, en doute ses compétences scientifiques et son honnêteté intellectuelle. Cette déclaration a rapidement fait exploser la colère des défenseurs autoproclamés de l’islam, qui ont exprimé cette indignation à travers des campagnes d’attaques féroces et de mobilisation visant le professeur à travers les réseaux sociaux et dans de nombreux endroits dont l’ARP. Il est peu probable que l’agression récente contre sa voiture ne soit pas liée à cette campagne orchestrée d’incitation.

Tout en dénonçant cette campagne médiatique calomnieuse contre le Pr Mahfoudh ainsi que les violences verbales et morales qu’il a subies et les menaces croissantes dont il est la cible, l’Association tunisienne de défense des valeurs universitaires (ATDVU) considère ces dérives sectaires multiformes comme une atteinte flagrante à la liberté d’expression, d’enseignement et de recherche stipulée par la Constitution tunisienne. Elle estime également qu’il s’agit d’une tentative désespérée d’asservir la science aux visées partisanes, idéologiques et religieuses et d’impliquer l’université dans les tiraillements politiques dans le but de mettre fin au débat scientifique libre et à la pensée critique qui distinguent la sphère universitaire dans notre pays.

L’Association exprime aussi sa solidarité absolue avec le Pr Mahfoudh et sa satisfaction pour le soutien qui lui a été apporté par les universitaires, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et les militants de la société civile. Elle exhorte tous les enseignants-chercheurs et les chercheurs à travers leurs diverses structures syndicales, leurs conseils scientifiques, leurs institutions académiques et leur tissu associatif ainsi que toutes les composantes de la société civile à se mobiliser pour soutenir le Professeur dans le but de défendre les valeurs universitaires en tant qu’incarnation du caractère civil de l’Etat. Elle met en garde contre les graves conséquences de ces attaques répétées contre les libertés académiques qui nous rappellent l’attaque brutale qui a ciblé, au cours de l’année universitaire 2011-2012, de nombreux établissements et, en particulier, la Faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba.

Tout en exprimant son étonnement au sujet du silence de l’autorité de tutelle représentée par le décanat de la Faculté des sciences politiques et juridiques de Sousse, la Présidence de l’Université de Sousse et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l’Association demande à toutes ces parties de soutenir explicitement le Pr Mahfoudh, l’un de leurs agents, agressé en raison de l’exercice de ses fonctions. Elle invite également la Conférence des présidents d’universités et l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts-Beït Al-Hikma à continuer à défendre les valeurs universitaires visées par les attaques, d’autant plus qu’elles ont déjà pris des positions honorables dans les crises vécues précédemment par l’Université tunisienne.

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