Universitaire, romancier et analyste politique dont Kapitalis a publié, au cours des dernières années, de nombreux articles d’analyse de la situation en Tunisie, Salah El Gharbi vient de publier un ouvrage intitulé ‘‘Le pont de la discorde : Essai sur la rhétorique politique de la transition démocratique’’ (éditions Arabesques, Tunis, 2021).
Aussitôt le régime autoritaire de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali tombé, le 14 janvier 2011, le champ politique en Tunisie est pris d’assaut par tous ceux qui, la veille, étaient réduits au silence ou animaient une opposition hétéroclite et, souvent, divisée et inefficace. Autant dire que cet événement inédit et même inattendu et inespéré, en a surpris beaucoup, en Tunisie et parmi ses partenaires étrangers, qui croyaient que le régime en place à Tunis était encore solide sur ses bases, notamment économiques et sociales, malgré le verrouillage du champ politique.
«Dès lors, fissurée, la digue finit par sauter et la parole, autrefois, hypothéquée et prisonnière, se déchaîne, houleuse, pour submerger tout l’espace public. Débarrassé de toute autorité tutélaire, le discours politique est, désormais, imprévisible et transgressif, n’obéissant, a priori, à aucun protocole particulier», lit-on dans la présentation de l’ouvrage.
Toutefois, avec le temps, le nouveau discours politique qui s’érige sur les décombres de la parole calcifiée de ‘‘l’ancien monde’’, se ritualise. Ainsi, à l’image du ‘‘Destour’’, avec son ‘‘épopée bourguibienne’’ et son récit sur la lutte pour l’indépendance, la nouvelle classe politique, en manque de légitimité, se presse de tisser ses propres légendes et d’imposer sa propre rhétorique. Et c’est ce nouveau discours que Salah El Gharbi cherche à décrypter, en essayant d’en démonter le fonctionnement et d’en déceler les soubassements idéologiques.
En partant de certains vocables comme «azlams» (caciques de l’ancien régime), «démocratie», «militant»… ou de certaines expressions, désormais lexicalisées, telles «police républicaine», «régions marginalisées», «UGTT, sanctuaire des patriotes»…, l’auteur soumet au crible d’une analyse, sans parti-pris et sans concessions, les dessous de la nouvelle parole politique.
Ainsi, dans cette approche critique, l’auteur de cet ouvrage met le doigt, aussi bien sur les turpitudes de «l’ancien régime» que sur les égarements d’un personnel politique au pouvoir depuis 2011, à la fois, immature, arrogant et cupide.
Salah El Gharbi est l’auteur de plusieurs ouvrages, notamment ‘‘Perditions’’, (éd. Sahar, 2004), couronné du Prix Comar du premier roman, ‘‘Et quand mes nuits se souviennent’’ (éd. MC Editions 2007), prix spécial du jury-Comar, mais aussi, ‘‘L’analyse méthodique du texte théâtral’’ (Centre de publications universitaires, 2008) et ‘‘La Cause palestinienne, cette malédiction arabe’’ (éd. L’Harmattan2017).
Donnez votre avis