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Chedly Mamoghli : «La partitocratie veut imposer ses juges constitutionnels»

Comme attendu, le président de la république Kaïs Saïed n’a pas ratifié le projet d’amendement de la loi portant création de la Cour constitutionnelle et l’a renvoyé, hier soir, samedi 3 avril 2021, peu avant minuit, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), pour une seconde lecture.

Pour être adoptée par l’ARP, ladite seconde lecture aurait besoin de 131 voix pour, et non d’une majorité simple de seulement 109 comme la première, ce qui serait plus difficile à obtenir. Mais là n’est pas le problème. Car, au moment où, sur les réseaux sociaux, la meute islamo-affairiste s’acharne sur le président de la république, le qualifiant de tous les noms d’oiseau, beaucoup de commentateurs comprennent et même justifient la position du chef de l’Etat. Et pour cause.

D’abord, l’Assemblée devait mettre en place la Cour constitutionnelle depuis… 2015, mais elle s’était gardée de le faire, dépassant largement le délai qui lui était accordé par la Constitution elle-même, car cette Assemblée, dominée par les islamistes d’Ennahdha, ne voulait pas de cette Cour constitutionnelle, de manière à garder les coudées franches. Mal lui a pris, puisqu’elle a laissé ainsi l’initiative de l’interprétation de la constitution au seul président de la république, principal garant de son respect, or, ce dernier, depuis son arrivée au Palais de Carthage, en novembre 2019, s’est montré peu influençable voire rigide sur les bords, refusant les compromis et, surtout, les compromissions, contrairement à ses deux prédécesseurs, Mohamed Moncef Marzouki et Béji Caïd Essebsi, qui furent des instruments aux mains du parti islamiste Ennahdha.

Au-delà des failles juridiques qu’en professeur de droit constitutionnel il ne pouvait manquer de relever, Kaïs Saïed a eu raison de renvoyer à l’expéditeur le texte de l’amendement de la loi portant création de la Cour constitutionnelle, estiment de nombreux commentateurs.

C’est le cas notamment de Chedly Mamoghli, juriste, qui, dans un post Facebook publié hier soir, a estimé que le chef de l’Etat a d’autant plus raison que «la partitocratie veut mettre des larbins asservis comme juges constitutionnels et qui ne sont pas des juristes publicistes et encore moins des constitutionnalistes», a-t-il écrit.

«Par conséquent, a ajouté Chedly Mamoghli, n’écoutez pas la meute qui va commencer à s’agiter en disant qu’il (Kaïs Saïed, Ndlr) paralyse l’Etat. C’est un faux argument de mauvaise foi pour manipuler l’opinion publique. Ils n’avaient qu’à éviter les failles juridiques et qu’à présenter des candidats publicistes constitutionnalistes qui ont le profil et l’expérience pour le job.»
Or, ce n’est pas ce qu’ils ont fait, préférant soutenir des candidats qui sont proches d’eux ou dont ils attendent le renvoi de l’ascenseur. Et M. Mamoghli de lancer, en s’adressant à Kaïs Saïed : «Bravo président constitutionnaliste et légaliste comme nous vous avons toujours connu et qui reste de marbre face aux pressions malveillantes. Merci pour cette attitude qui ancre l’Etat de droit.»

I. B.

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