La Tunisie cherche à emprunter 4 milliards de dollars (environ 11 millions de dinars tunisiens) auprès du Fonds monétaire international (FMI). Les négociations vont démarrer la semaine prochaine et ce sera une «dernière opportunité» pour sauver l’économie tunisienne, selon une déclaration du chef de gouvernement Hichem Mechichi à Reuters.
Alors que de nombreux experts mettent en doute la capacité des responsables tunisiens à défendre leur programme de réformes économiques, d’autant qu’ils vont aux négociations avec des idées générales et que beaucoup des réformes évoquées ont fait l’objet d’engagements anciens qui n’ont pas été mis en œuvre, M. Méchichi déclare à Reuters qu’il s’attend à ce que les discussions durent environ deux mois, tout en se disant «confiant» que la Tunisie pourrait obtenir un soutien financier pour l’aider à traverser une crise économique qui a été aggravée par la pandémie de la Covid-19.
«Tous les efforts doivent être unifiés en Tunisie car nous considérons que nous avons atteint la dernière opportunité et nous devons l’utiliser pour sauver l’économie», a-t-il déclaré à Reuters, précisant qu’il souhaitait un programme de prêt de trois ans et que les détails d’un accord avec les deux puissants syndicats des travailleurs (UGTT) et des employeurs (Utica), considérés comme essentiels pour débloquer des financements étrangers, étaient toujours en cours de finalisation.
Le ministre des Finances, Ali Kooli, et le gouverneur de la Banque centrale, Marouane El-Abassi, se rendront aux États-Unis à partir du lundi 3 mai 2021 pour entamer les négociations avec les bailleurs de fonds internationaux.
Evoquant les engagements de la Tunisie auprès de ces bailleurs de fonds, M. Mechichi a déclaré que la Tunisie rationaliserait certaines subventions et que l’Etat céderait les parts minoritaires qu’il détient dans plusieurs entreprises afin de lever des fonds susceptibles d’être investis dans les plus importantes sociétés publiques, dont la plupart sont déficitaires.
Outre la réforme des entreprises publiques et du système des subventions, le FMI avait souligné dans de précédents rapports l’importance de réduire la masse salariale du secteur public, souffrant de sureffectifs et de mauvaise gouvernance. La part de cette masse salariale dans le PIB est l’une des plus élevées dans les monde. Elle approcherait les 20% et les dernières augmentations des salaires de certains corps de métiers vont la gonfler davantage, ce qui affaiblit la position des responsables tunisiens.
Le FMI avait aussi appelé le gouvernement tunisien à réduire les déficits budgétaires chroniques et la dette souveraine importante, qui approche du taux inquiétant de 100% du PIB, contre seulement 35% avant la révolte de janvier 2010 ayant fait tomber l’ancien régime et mis en place un système démocratique, dominé par le parti islamiste Ennahdha.
La Tunisie avait déjà eu recours au FMI a deux reprises au cours de son histoire, en 1986, avec un plan d’ajustement structurel (PAS), et en 2016
Imed Bahri
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