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L’immobilisme de Saied va le perdre et coûter cher à la Tunisie

Kais Saied s’enferme au palais de Carthage avec quelques conseillers dépourvus d’idées et sans véritable background politique.

Le moins que l’on puisse dire c’est que la léthargie de Kais Saied, son immobilisme et son laxisme face aux abus de toutes sortes restés impunis galvanisent aujourd’hui ses adversaires qui en profitent à fond pour reprendre du poil de la bête et commencer à le bousculer sérieusement. Et c’est de bonne guerre, même si ce sont les Tunisiens qui payeront encore une fois les pots cassés.

Par Imed Bahri

En effet, depuis son acte salvateur du 25 juillet dernier, qui donna beaucoup d’espoirs aux Tunisiens, le président de la république semble avoir complètement calé, s’enfermant dans une bulle d’auto-satisfaction aussi stérilisante que dangereuse pour le pays, qui attend des changements qui tardent à venir.

Des échéances qui n’attendent pas

Pas de feuille de route, pas de gouvernement, pas vraiment de perspective de sortie de l’état d’apathie qui perdure, alors que le pays est aux prises avec une crise financière asphyxiante et fait face à des échéances économiques et sociales importantes, dont les plus urgentes sont l’élaboration et l’adoption d’un budget de l’État pour l’exercice 2022 et la reprise des négociations avec le Fonds monétaire internationale (FMI) et les autres bailleurs de fonds pour de nouveaux crédits dont les finances publiques, en charpie, ne peuvent pas se passer.

Sur un autre plan, on attendait du locataire du palais de Carthage qu’il prenne des mesures sérieuses pour assainir la situation dans un pays gangrené par la corruption, le népotisme et le clientélisme politique, comme il l’a constaté et déploré lui-même à plusieurs reprises. Mais deux mois après, rien ou presque n’a été fait. Les annonces tonitruantes (Vous allez voir ce que vous allez entendre!) n’ont pas été suivies d’effet.

Deux mois d’interdiction de voyage pour les députés et beaucoup d’hommes politiques et d’affairistes pour rien. Aucun dossier de terrorisme ou de corruption ouvert. Aucun des gros requins de l’islamisme, de l’affairisme criminel ou de la contrebande n’a été inquiété. Que des seconds couteaux insignifiants arrêtés puis aussitôt relâchés par des juges, complices du «système» et qui cherchent visiblement à faire échouer les tentatives du chef de l’État de nettoyer un pays «pourri» par les mafias de toutes sortes, de crainte d’y passer eux aussi, certains d’entre eux ayant tant à se reprocher.

Un «libérateur» entêté et impuissant

Aujourd’hui, les adversaires de Saïed comptent en découdre avec lui et ses partisans déchantent et sont déçus par son attitude étrangement laxiste. Son entêtement à vouloir faire cavalier seul est quasiment suicidaire. Car il n’est même pas foutu de faire preuve de realpolitik en tenant la perche que lui tendent les rares forces politiques qui le soutiennent, notamment l’UGTT de Noureddine Taboubi, le PDL de Abir Moussi, le Mashrou de Mohsen Marzouk et Echaab de Zouhaier Maghzaoui, et qui souhaitent sincèrement le voir triompher de ses adversaires, les islamistes et leurs alliés islamo-gauchistes.

C’est fou comment un président élu à plus de 72% des suffrages et dont le taux de confiance a plafonné à près de 90% fin juillet dernier a-t-il pu, en si peu de temps, passer du statut de libérateur des Tunisiens de l’alliance islamo-affairiste qu’il a battue à pleines coutures, politiquement et psychologiquement, à celui de président impuissant, «massacré» du matin au soir par la machine médiatique islamiste, opérant en Tunisie et à l’étranger, et cherchant à lui faire porter le costume (trop large pour ses frêles épaules) de putschiste et de dictateur.

Que dire, aujourd’hui que ses adversaires se préparent à occuper la rue pour appeler à sa destitution, sinon que Saïed est à un tournant : ou bien il va se réveiller et réagir vite ou bien ses adversaires vont renaître de leurs cendres (et ça a déjà commencé) et c’est lui qui risque de connaître bientôt la déchéance. Bref, il doit choisir entre agir ou subir, car ses partisans ne vont pas continuer à s’accrocher longtemps à ce qui commence à apparaître comme un… mirage. Encore un autre… Les Tunisiens méritent mieux.

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