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Hélicoptère saisi à Ben Arous : La famille désavoue le ministère

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Mini-hélico bricolé par le père de Mohamed, arrêté à Ben Arous pour terrorisme.

La famille du mécanicien de Ben Arous, arrêté dans une affaire terroriste dénonce la diffusion de fausses informations par le ministère de l’Intérieur.

Le ministère de l’Intérieur a publié hier un communiqué où il annonce avoir découvert un hélicoptère en construction par un mécanicien de Ben Arous, dans la banlieue sud de Tunis. Cette découverte a permis l’arrestation du fils du mécanicien, Mohamed (25 ans), qui serait, selon les autorités sécuritaires, membre d’une cellule jihadiste spécialisée dans l’envoi des jeunes en Syrie. «La fouille de son domicile a permis la saisie de livres et de tracts appelant au jihad», précisait le communiqué.

Cette version est cependant démentie par Amira, la sœur de Mohamed, employée dans une société privée, mariée et mère d’un enfant, qui a précisé à Kapitalis que son frère est technicien supérieur en mécanique auto. «Il a été arrêté le 4 décembre et la police a effectivement fouillé le domicile familial, le soir même, et saisi son PC, sa tablette et son téléphone. Mais aucun livre takfiriste n’a été saisi», a-t-elle indiqué, ajoutant que la famille s’est habituée aux arrestations de Mohamed, depuis que son frère jumeau, Amine, parti pour le jihad en Syrie, a été tué, il y a 3 ans.

«Mon frère, qui fait la prière à la maison, est souvent arrêté et cela ne nous dérange pas. Nous sommes conscients que le pays est en guerre contre le terrorisme. Il a été arrêté 3 fois et relâché le jour même après investigations policières», raconte Amira. Elle ajoute que le démantèlement de la soi-disant cellule jihadiste de Ben Arous est sans lien avec l’arrestation de son frère. «D’ailleurs, la police n’a trouvé aucune trace de communication entre mon frère et les 6 présumés terroristes arrêtés ces derniers jours, ni sur les réseaux sociaux, ni par téléphone ou tout autre moyen, car il ne les connait même pas», a-t-elle fait savoir.

Quant à la construction du prototype d’hélicoptère, Amira a indiqué que son père est un grand passionné de bricolage mécanique et qu’il n’est pas à sa première construction. «Le garage regorge d’objets réalisés par mon père. Il a même un mini hélicoptère qui peut voler, qu’il avait construit à l’âge de 20 ans. Papa a été honoré par le ministère de la Culture il y a des années de cela pour avoir construit une voiture avec des moyens rudimentaires et il en a toujours été fier».

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Amira, enfant, au volant de la « voiture » construite par son mécano de père.

La jeune femme a aussi indiqué que le prototype d’hélicoptère saisi par les forces de l’ordre n’était destiné à aucun usage et il n’était d’ailleurs pas caché, mais exposé et visible de l’extérieur du garage, qui se trouve à proximité du commissariat de police.

«Papa était fier et il suscitait la curiosité des voisins qui le félicitaient pour sa réalisation. Il avait hâte de terminer son travail et de le montrer. Sa passion lui prend énormément de temps et même si ses réalisations n’ont jamais été valorisées, il ne pensait pas que cela allait lui causer des soucis», raconte encore Amira. Elle  ajoute: «Nous sommes une famille moderne, patriote et hostile au terrorisme, surtout que nous en avons été affectés en perdant notre frère en Syrie. Les terroristes sont nos ennemis et ceux du pays et nous encourageons pleinement les campagnes sécuritaires mais dénonçons les abus et les information mensongères colportées au sujet de notre famille».

Elle a aussi déploré le traitement médiatique de l’affaire: «Des médias ont taxé toute la famille de takfiriste et  prétendu que mon père a été incarcéré. Ce qui est faux. Il semble que nous payons les erreurs d’Amine, mort en Syrie. Et c’est injuste de coller ainsi l’étiquette de terroriste à toute une famille qui ne rêve que de paix pour son pays».

Y. N.

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