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Gouvernorat de Tunis : Les dessous du limogeage d’Omar Mansour

La décision du ministre de l’Intérieur de remplacer Omar Mansour à la tête du gouvernorat de Tunis par Chedly Bouallègue en a surpris plus d’un. Décryptage…

Par Imed Bahri

Ce remplacement a été annoncé, dans la soirée du dimanche 29 octobre 2017, de manière laconique et anodine dans le cadre d’un remaniement partiel du corps des gouverneurs, qui a concerné 11 postes sur 24.

Ce départ d’Omar Mansour du gouvernorat de Tunis, qui ressemble à un limogeage, a été diversement commenté. Beaucoup estiment qu’il a fait du bon travail durant la période, relativement courte, qu’il a passée dans son poste : il a beaucoup fait pour nettoyer la capitale, débarrasser ses trottoirs des étalages anarchiques et mettre fin ainsi à l’anarchie qui régnait dans l’activité commerciale, notamment dans le centre-ville. N’aurait-on pas dû le laisser encore quelque temps pour qu’il puisse terminer le travail déjà commencé, sachant que M. Mansour a également laissé de bons souvenirs de son passage, il y a quelques années, à la tête du gouvernorat voisin de l’Ariana où il a montré beaucoup de fermeté pour faire régner la loi ?

Certains ont dans le départ d’Omar Mansour une sanction rapide après son «escapade» pour le moins douteuse et discutable au Kram-Ouest, quartier chaud au nord de la capitale, où il a été vu en train de discuter avec Imed Dghij, l’agitateur islamiste qui a une très mauvaise presse et pour cause : il était membre des Ligues de protection de la révolution, une milice islamiste violente dissoute, en 2014, par décision de justice et qui faisait régner la terreur en ville, lors des réunions des partis et des manifestations publiques.

Pis : une vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, où l’on voit M. Mansour attablé dans un café avec ce triste sire dénonçant le gouvernement et tempête contre l’Etat en des termes virulents qu’il n’aurait pas dû accepter d’entendre sans réagir. Cette scène en a choqué plus d’un et suscité une vague de critiques, même parmi les «fans» de M. Mansour. Trop c’est trop !

M. Mansour, qui a aussi commis l’erreur de ne pas amener avec lui, dans son escapade, sa collègue déléguée (sous-préfète) du Kram, a-t-il commis là une erreur impardonnable? Beaucoup le pensent, qui soulignent aussi sa douteuse proximité avec les islamistes et ses ambitions politiques démesurées. Ce magistrat est, certes, venu tardivement à la politique, mais il a fait une carrière fulgurante et montré un appétit d’ogre. Certains ont même commencé à le comparer à Recep Tayyip Erdogan, qui a longtemps dirigé la municipalité d’Istanbul avant de devenir Premier ministre puis président de la république.

Omar Mansour en discussion avec le caïd islamiste du quartier Kram-Ouest.

Selon certaines sources, M. Mansour, qui avait déjà occupé le poste de ministre de la Justice dans le gouvernement Habib Essid, pourrait revenir au gouvernement, sachant que le poste de ministre de la Santé est resté vacant depuis la mort de Slim Chaker.

Ce poste semble taillé à sa mesure. Et pour cause : la santé est un département à problèmes où le gouvernement a du mal à mettre en œuvre les réformes prévues et un homme de poigne comme Omar Mansour, qui plus est magistrat de fonction et connaissant les arcanes du droit, pourrait aider à mettre de l’ordre dans un système de santé gangrené par la corruption et qui prend de l’eau de partout.

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