Selon la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME), 1 600 projets ont été financés depuis la création de l’institution en mars 2005. Des financements pour un total d’approbation de 345 millions de dinars tunisiens (MDT) et un coût total des investissements d’environ 1 150 MDT. Mais ce bilan est-il vraiment positif?
Par Meriem Majdoub
Rappel des faits. Invité de l’émission EcoMag sur la radio Express Fm, le 2 août dernier, Hamdi Ksiaa, directeur de l’assistance, de l’identification et du développement à la BFPME, ne cachait pas son enthousiasme. Lors de sa prise de parole sur Express FM, le directeur s’est félicité des stratégies menées par l’institution. Et d’indiquer que la BFPME réalise en moyenne 12 approbations de financement par mois, pour une valeur moyenne d’investissement comprise entre 700.000 et 750.000 DT par projet. Un investissement auquel s’ajoute le crédit accordé par la banque qui se situe en moyenne à 220.000 DT.
Des chiffres qui prennent le contre-pied des statistiques de la BFPME?
Seul bémol, les chiffres présentés sur le site de la BFPME indiquent qu’à la date du 30 juin 2017 – soit il y a un peu plus d’une année de la prise de parole de Hamdi Ksiaa, le nombre de projets approuvés était de 1.570 pour un coût total d’approbation de 347,551 MDT.
Ainsi, entre 2017 et 2018, il y aurait eu un ralentissement considérable des financements des PME ? Si l’on se base sur les chiffres avancés par la haut responsable, seule une dizaine de projets ont été donc financés en 2018 contre une moyenne de 123 projets par an – calcul basé sur les statistiques de 2017. L’écart semble énorme.
Le coût de financement en revanche a régressé, ce qui pourrait indiquer une erreur statistique, si ce n’est pas une absence de financement. Des chiffres qui passent de 347,551 MDT (2005 – 2017) à 345 MDT (2005 – 2018). En tout cas, les chiffres avancés le 2 août dernier sur les ondes d’Express FM prêtent à confusion.
Un environnement morose pour les PME en Tunisie?
D’autres critères pourraient expliquer ce ralentissement. La récente nomination de Labid Zaâfrane en tant que Pdg de la BFPME en décembre 2017, lequel pourrait mener des refontes en interne des stratégies de la banque, retarderaient ainsi certaines prises de décisions ? – ce qui semble peu probable mais possible.
À cela s’ajoute également le climat morose des affaires en Tunisie. En effet, selon une enquête, fruit d’un partenariat public-privé (CJD-APII), 88% de PME tunisiennes actives dans le secteur de l’industrie (échantillon de 365 entreprises) estiment que la récente loi sur l’investissement n’a pas changé l’écosystème entrepreneurial, encore moins amélioré le climat des affaires en Tunisie.
Un climat qui reste également impacté par la tendance haussière des prix des matières premières. Une tendance que perturbe souvent l’indice Tunindex et qu’on observe également dans les stratégies d’investissement, notamment ceux des particuliers, nationaux ou internationaux, qui décident d’investir en bourse en CFD.
Ces PME considèrent également que le climat des affaires reste peu favorable à l’entrepreneuriat tout en pointant du doigt le manque d’infrastructure ainsi que le retard enregistré vers la digitalisation des services pour éviter les lourdeurs administratives. À suivre.
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