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Espérance de Tunis : Mouine Chaabani, le pari gagnant de Hamdi Meddeb

Les larmes de la joie d’un coach heureux.

Mouine Chaâbani, 37 ans, est devenu le plus jeune entraîneur de l’Espérance sportive de Tunis (EST), qui plus est, tunisien à remporter la Ligue des champions de la Confédération africaine de football (CAF) après avoir conduit son équipe à son premier titre depuis 2011. Pari réussi de Hamdi Meddeb, le président du club.

Par Hassen Mzoughi

L’Espérance n’avait pas les faveurs des pronostics après la finale-aller perdue contre Al-Ahly (1-3), dans une tempête de polémique sur l’arbitrage, mais c’est bien elle qui a remporté le trophée tant convoité, vendredi soir, 9 novembre 2018, devant son public en fusion.

Au milieu de l’euphorie collective, le coach de l’Espérance ne pouvait retenir ses larmes, se remémorant sa mère décédée, ni avoir la grosse tête: «Le parcours de l’EST n’était pas facile du tout. Le rêve est né au fil des matchs alors que nous ne faisions pas partie des meilleurs. L’Espérance n’était pas au mieux de sa forme depuis la phase de groupes, perdant la première place du groupe au profit d Al-Ahly et concédant une défaite 1-0 face à Primeiro de Augusto en demi finale-aller. La défaite devant Al-Ahly, en finale aller, subie dans des circonstances insupportables, a blessé les joueurs et la tension nerveuse une semaine durant n’a arrangé personne», résume-t-il.

Hamdi Meddeb tient sans doute le coach capable de mener l’Espérance vers d’autres cimes.  

Il y a cependant un facteur positif : ce match au stade Borg Al-Arab a soudé le groupe et puis Chaabani s’est attelé à la tâche de remotiver ses joueurs, tâche qu’il a réussie avec son calme habituel et son sens de la communication.

Deux grands examens réussis

Pour sa première expérience de head coach, après deux ans au poste d’adjoint à l’EST, Mouine Chaabani a mené les «Sang et or» au titre de la Ligue des champions après 7 ans de disette. Arrivé début octobre dernier, pour remplacer Khaled Ben Yahia, licencié au lendemain de la demi-finale perdue à Luanda face à Primeiro (1-0), il avait pour première mission de qualifier l’EST en finale.

L’ancien assistant d’Ammar Souyah, Faouzi Benzarti et Ben Yahia, réussit en un temps record le premier grand examen après un match retour sensationnel contre les champions de l’Angola, avant de triompher dans le second, vendredi dernier, en finale-retour contre Al-Ahly (3-0). Le match a pourtant commencé difficilement pour l’équipe qui a su se révolter au fil des minutes pour finir par terrasser carrément son adversaire, grâce à des ressorts psychiques qui doivent sans doute beaucoup à l’encadrement technique et à l’entraîneur.

Chaabani, 37 ans, est devenu le plus jeune entraîneur de l’Espérance et le plus jeune coach local à remporter la Ligue des champions avec une équipe tunisienne.

Faouzi Benzarti a remporté avec l’Espérance la Coupe des clubs champions (l’ancêtre de la Ligue des champions), à 44 ans, en 1994, face au Zamalek, l’autre grand club égyptien. À 48 ans, Nabil Maaloul a enlevé le titre africain en 2011 devant le Wydad Casablanca.

Sous d’autres cieux, des seconds catapultés au devant de la scène ont réussi de grandes performances. Hossam Al-Badry, a gagné la Ligue des champions en 2012 aux dépens de l’EST quand il prit la relève du Portugais Manuel Jose, dont il était adjoint sur le banc d’Al-Ahly.

Adjoint d’André Villas Boas à Chelsea, Roberto Di Matteo a enlevé la Champions League en 2012 après avoir pris le relais du technicien epagnol, limogé en 8e de finale. L’exemple de Zinedine Zidane est frappant. Assistant de Carlo Ancelotti au Real de Madrid, il gagne, en devenant l’entraîneur du club Merengue, trois Champions League (2016, 2017 et 2018).

Après le sacre, la première pensée de l’élégant Chaabani a été pour l’ex-coach Khaled Ben Yahia. 

Ecoute, communication et modestie

Deux grands examens et un gros pari. Le choix porté sur Mouine Chaabani, pour négocier la dernière ligne droite de la Ligue des champions, semblait «hasardeux». Mais l’atout continuité a joué : Chaabani est avant tout le joueur de l’EST, de 1998 à 2008 (6 fois champion de Tunisie, 3 coupes et une super-coupe). De retour au pays après un passage en Turquie et en Arabie Saoudite, il rejoue au CS Hammam-Lif (2011-2014) puis en devient l’entraîneur pendant la saison 2014-2015 au terme de laquelle le club de la banlieue sud de Tunis sauve sa place en Ligue 1. Cette première expérience très dure a consolidé en lui une certaine capacité d’écoute et de communication, et conforté sa nature modeste.

En 2016, l’ex-défenseur central entre par la grande porte en devenant le premier adjoint d’Ammar Souayah.

Depuis il est dans les rouages du club et très près des joueurs. C’est même l’un des rares à l’EST qui a su opérer une saine complicité avec ces derniers, qu’il a positivé pour pouvoir passer son message le jour venu. Les joueurs l’ont bien écouté et assimilé son discours, tout en montrant une admirable force de caractère, mais l’homme – et ses précieux collaborateurs, notamment son adjoint Majdi Traoui, lui aussi enfant du club – ont réalisé un travail de titans pour réussir ce remarquable parcours dans l’adversité.

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