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Reportage sur M6 : En Tunisie, la sexualité tarde à faire sa révolution

Le nouveau reportage de l’émission « Enquête exclusive », diffusée hier soir, dimanche 27 janvier 2019, sur M6, a brossé le portrait d’une jeunesse tunisienne étouffée par le regard et le jugement d’une société à la fois conservatrice et hypocrite. 

Par Emna Ben Abdallah

«La Tunisie est une des seules démocratie du monde arabe connue pour être pionnière pour les droits des femmes. Or, la révolution sexuelle n’y a encore pas eu lieu», estime la journaliste auteure de ce reportage qui a suscité l’intérêt et la curiosité des Tunisiens sur les réseaux sociaux.

En effet, la sexualité en Tunisie n’est pas un sujet qu’on aborde facilement ni avec la famille ni même avec les amis. Et pourtant, des jeunes mariés, qui doivent être purs la nuit des noces sans avoir jamais eu d’éducation sexuelle, sont tenus à être performants, comme l’explique Olfa Dakhlaoui, sexologue et thérapeute de couple devant la caméra de M6.

La sexualité assimilée à la peur

Malheureusement, plusieurs jeunes femmes font face à un problème récurrent : le vaginisme. Cela consiste en une contraction musculaire qui empêche la femme d’avoir un rapport sexuel complet avec un homme.

«On injecte aussi toutes sortes de messages sur la virginité de la femme en utilisant des termes religieux comme haram (pêché, Ndlr) et halal (autorisé par la charia, Ndlr). Les parents véhiculent, à leur insu, à travers ces messages, beaucoup de peur et d’anxiété. L’enfant assimilera plus tard la sexualité à la peur», explique Dr. Dakhlaoui.

Et pour ne pas avoir à faire face à ce genre de difficulté, des jeunes femmes bravent l’interdit comme c’est le cas de Samar, étudiante, âgée d’une vingtaine d’années, qui a payé cher le prix de sa liberté. Des rumeurs avaient circulé sur elle selon lesquelles elle serait lesbienne, qu’elle est une fille dévergondée et qu’elle sort tout le temps avec des hommes. La jeune femme a même été harcelée par des inconnus et dût subir des remarques sexistes faites par des automobilistes ou être insultée dans la rue.

Le lourd poids de la religion et de la tradition

Toutefois, des jeunes femmes choisissent de se reconstruire l’hymen dans des cliniques privées, et ce pour ne pas faire face aux rumeurs, aux critiques du futur mari ainsi qu’à celles de sa famille. Elles auraient, selon elles, commis une faute et doivent à tout prix réparer leur erreur avant qu’il ne soit trop tard.

Pour certains Tunisiens, une femme n’a pas le droit d’avoir des relations sexuelles hors mariage, sinon elle ne serait plus pur. Par contre, l’homme a le droit de tout faire de ce côté là, comme l’affirment, selon eux, la religion et la tradition…

Du côté de la communauté LGBT en Tunisie, les homosexuels, considérés par certains comme des «criminels», ont peur d’être agressés ou tués par des homophobes. Ils considèrent la Tunisie comme une «jungle». C’est d’ailleurs le mot utilisé par l’un d’eux dans son témoignage pour M6.

Bouhdid Belhadi, directeur de Shams Rad, indique que depuis le lancement de cette web radio destinée aux homosexuels, plus de 50 messages de menace de mort ont été envoyés à ses animateurs. Ces derniers ne peuvent pas prendre un taxi ou marcher seuls dans la rue. Et doivent se déguiser pour ne pas être reconnus.

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