Suite au scandale sexuel révélé vendredi dernier, 11 octobre 2019, par la publication de photos, sur le net, par une lycéenne de Nabeul, accusant le futur député, Zouheir Makhlouf, d’exhibition et de harcèlement sexuel, des Tunisiennes sont sorties de leur silence et ont lancé, sur les réseaux sociaux, le hashtag EnaZeda (moi aussi) pour dénoncer ces agressions.
Elles sont de tout âge et de toutes catégories sociales à vouloir briser le tabou et témoigner, elles aussi, de douloureux souvenirs, lorsqu’elles étaient lycéennes et même écolières et qu’à l’époque, ce n’était pas si facile de parler de harcèlement sexuel.
Plusieurs d’entre elles racontent leurs mésaventures, exprimant une douleur indélébile. Mais elles le font pour soutenir la lycéenne de 19 ans, qui a porté plainte contre le futur député, pour dénoncer ce genre d’abus banalisé et encourager les victimes à en parler et à porter plainte.
Anonymes ou connues, à l’instar de la ministre de l’Emploi Saida Ounissi, ou encore la blogueuse et activiste Lina Ben Mhenni, elles parlent de «ces hommes», qui attendent les écolières à la sortie, se masturbent sur la route, à la plage, à l’entrée d’un immeuble ou encore dans un coin de rue, parfois quand il fait nuit, mais souvent le jour.
Toutes affirment qu’enfants, elles avaient peur d’en parler, et qu’elles gardent encore les dures images de cette agression, dont elles sont été victimes à leur jeune âge. «La première fois que j’ai vu un pénis, j’avais 7 ans. C »était un bout de viande serré entre les mains d’un homme caché derrière un arbre», raconte amèrement Nejma, en affirmant n’avoir rien pu faire et rien pu dire à l’époque.
Plus âgées, les victimes sont mieux armées, répondent à leur agresseur et peuvent se défendre, mais elles ne peuvent pas pour autant en parler autour d’elles : «Cela aurait de toute façon inquiété mes parents et je ne suis pas sûre qu’ils auraient saisi la justice», raconte l’une d’entre elle.
«Je n’ai jamais pu oublier ! Croyez-moi il s’agit d’un vrai traumatisme et d’une blessure inguérissable», conclut-Lina Ben Mhenni dans son post dénonciateur.
«Mais il faut oublier tous ces cauchemars, il faut regarder devant pour mieux vivre», lui répond un de ses followers….
La campagne #EnaZeda vise à dénoncer mais aussi à aider les jeunes d’aujourd’hui et leur expliquer qu’elles ne sont pas seules, qu’elles ne sont pas responsables et sont plutôt victimes. «Cela les aidera peut-être à dénoncer immédiatement et à saisir la justice», affirme l’une des activistes.
Yüsra Nemlaghi
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