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Ennahdha : Les raisons de la soudaine saute d’humeur de Zied Ladhari

Zied Ladhari/Rached Ghannouchi/Habib Jemli.

Le député du mouvement Ennahdha, Zied Ladhari, a démissionné de son poste de secrétaire général et du bureau exécutif du parti islamiste et renoncé à toute responsabilité au sein de ses instances. Une saute d’humeur qui ressemble à un ras-le-bol.

Par Imed Bahri

Le ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, qui a démissionné de son poste ministériel avant de prêter serment pour siéger à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) aurait envoyé sa lettre de démission, la semaine dernière, au président du parti, Rached Ghannouchi, son altissime président de l’Assemblée, le copain de l’émir du Qatar et du sultan de Turquie.

Le «gourou de Monplaisir» n’en fait qu’à sa tête

Selon des bruits de couloirs, M. Ladhari ne serait pas d’accord sur les critères de choix du chef du gouvernement récemment désigné, ni sur la méthodologie adopté par celui-ci pour la formation d’un bien improbable gouvernement, auquel les députés voteront sûrement la confiance… pour ne pas perdre leurs sièges en cas de réorganisation des législatives, tout en prenant le soin de se boucher le nez.

M. Ladhari, plusieurs fois ministres, le dirigeant islamiste le plus expérimenté, qui connaît le mieux les arcanes de l’Etat, et dont le nom avait été cité comme un possible futur chef de gouvernement, a vu les portes du palais de la Kasbah fermés à son nez par le «gourou de Mon-plaisir», qui lui a préféré un candidat sans épaisseur et disposant de moins de qualités et de compétences que lui. C’est, en tout cas, ce qu’il pense et à juste titre. Mais est-ce là la seule raison de sa soudaine bouderie ? Nous ne le pensons pas. Et pour cause.

L’homme sans qualités et l’impossible gouvernement

Habib Jemli, l’heureux élu du gourou, est, rappelons-le, un technicien supérieur en agriculture (il n’est même pas foutu d’être titulaire d’un diplôme d’ingénieur agricole, comme ses deux prédécesseurs au poste, Habib Essid et Youssef Chahed), sans passé politique connu, ni compétence prouvée dans la gestion des affaires publiques. Et pour ne rien arranger, il est dénué de toute prestance et de tout charisme, car de pareilles qualités, il faut en avoir pour espérer exercer un poste aussi exigeant que celui de chef de gouvernement, à moins que le profil recherché par le gourou soit celui d’un simple exécutant, gris et lisse, obéissant et soumis.

Si c’est vraiment là la raison de la soudaine mauvaise humeur de M. Ladhari, on ne peut que le comprendre et lui donner raison, car cette mauvaise humeur-là, il la partage aujourd’hui avec l’écrasante majorité des Tunisiens qui n’attendent rien de bon ni de Ghannouchi ni de Jemli et encore moins de l’attelage que ces deux compères sont en train de former – à l’insu de leur plein gré, comme dirait l’autre – avec le très intègre et honnête Nabil Karoui et, probablement aussi, avec le très libéral et aimable Seifeddine Makhlouf.

Du grand guignol, en somme, digne d’une démocratie d’opérette comme celle qui est en train d’être mise en place en Tunisie.

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