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Coronavirus : des médecins redoutent une aggravation de l’épidémie en Tunisie

Siège du ministère tunisien de la Santé à Bab Saadoun, Tunis.

La Tunisie n’a pas suspendu tous les vols avec la France, pays devenu l’un des épicentres de la pandémie du coronavirus (Covid-19). Face à l’afflux des Tunisiens notamment de France, des médecins lancent un cri d’alarme. La pandémie n’a que faire des intérêts étroits de certains décideurs qui se soucient plus d’éviter d’écorcher la susceptibilité de leurs électeurs que de la sécurité publique.

Par Hassen Mzoughi

Le premier cas avéré de coronavirus était un Tunisien venant justement de France. Si la fermeture totale des frontières maritimes et aériennes avec l’Italie s’imposait d’elle-même, vu la forte propagation de l’épidémie dans ce pays, il n’en est pas de même avec la France, l’autre pays gravement touché par la pandémie.

Tout le monde le sait : la France est très touchée par le coronavirus. Aujourd’hui, lundi 16 mars 2020, le directeur de la santé Jérôme Salomon a évoqué au micro de France Inter une situation qui «se détériore très vite» avec un nombre de cas «qui double tous les trois jours».

La faible capacité de la Tunisie à faire face à l’épidémie

La France se dirige vers le confinement total comme l’Italie. Avec plus de 5400 cas recensés hier, dimanche, la France est encore loin de la situation italienne mais l’évolution fait craindre une flambée des cas avec, pour conséquence, un engorgement des hôpitaux. Surtout que la courbe d’évolution de l’épidémie en France reste proche de celle de l’Italie, il y a une dizaine de jours. Le 7 mars dernier, l’Italie recensait, en effet, un nombre similaire de cas : 5883. Ce total a depuis explosé pour atteindre 24.000 cas recensés dimanche.

Les spécialistes alertent en plus sur une sous-évaluation des cas avec sans doute des malades non identifiés, ayant peu ou pas de symptômes (porteurs sains) mais qui peuvent se révéler très contagieux pour leur entourage.

Loin d’être alarmistes, les autorités tunisiennes semblent toutefois manquer de rigueur face à l’afflux des Tunisiens venant de France (et d’Italie en passant par la France) qui pourra déboucher sur une dangereuse prolifération pour un pays à faible capacité d’endiguement.

Hier encore, la présidente de l’Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes, Nissaf Ben Alaya, qu’on ne peut soupçonner d’alarmisme, tant ses interventions étaient jusque-là plutôt rassurantes, a alerté sur la faible capacité de la Tunisie à prendre en charge la propagation à partir d’une certaine limite des cas (soit un taux de 40 sur un million d’habitants selon les spécialistes).

Les Tunisiens se pressent à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle

Cette alerte a été relayée par plusieurs médecins qui se sont prononcés, avec nombre d’arguments médicaux sur la «prévention radicale» nécessaire et indispensable pour s’opposer à la propagation rapide de l’épidémie.

En fait, le danger est là et beaucoup de Tunisiens, indifférents ou peu scrupuleux, ne se rendent pas compte que même avec le respect des règles de désinfection, le plus indiqué est de réduire au maximum la «sociabilité», donc les déplacements qui pourraient occasionner des conséquences graves, sachant qu’un sujet sain peut être porteur du virus.

Or plusieurs Tunisiens se pressent ces jours-ci à l’aéroport Roissy – Charles de Gaulle pour rentrer en Tunisie. Ils ne se rendent pas compte qu’ils pourraient mettre en danger et leur santé -s’ils ne sont pas déjà atteints- et la santé des autres. Tout en déplorant les mesures jugées plutôt «molles» du gouvernement, plusieurs médecins tunisiens prônent même le confinement total car si l’on compte aujourd’hui 20 cas, c’est par rapport à 14 jours, ce qui donne un nombre «potentiellement supérieur».

Faut-il attendre que le virus s’installe «confortablement» parmi la population ?

Tant que des mesures radicales ne sont pas prises, le virus continuera à «se promener» en Tunisie, vu les entorses aux règles. Si le gouvernement ne ferme pas totalement les frontières maritimes et aériennes, le seuil de débordement ne sera pas loin.

Certes les Tunisiens de France sont les bienvenus, mais dans les circonstances actuelles, il y a un problème de sécurité nationale, avant le droit de circulation des citoyens, droit qui ne protège pas le pays, son économie et tous les secteurs vitaux d’un danger latent, car le coronavirus n’a que faire des droits et autres considérations de sociabilité. La pandémie n’a que faire des intérêts étroits de certains décideurs qui se soucient plus d’éviter d’écorcher la susceptibilité de leurs électeurs que de la sécurité publique.

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