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Des conseils utiles pour gérer en totale synergie l’épidémie du coronavirus en Tunisie

L’auteur propose des mesures à mettre en œuvre par les systèmes médicaux publics et privées, en totale synergie, pour réussir ensemble à faire face plus efficacement et à endiguer l’épidémie de coronavirus qui est en train de s’installer en Tunisie.

Par Dr Khaled Jelassi *

Côté statistiques, on a officiellement 331 lits de réanimation dans les hôpitaux publics en Tunisie. Les cas graves, qui nécessiteraient la réanimation avec intubation et respiration assistée, représentent 10% des cas, selon les pays. Avec un taux de réservation de la capacité de l’ordre de 50% des lits de réanimation pour d’autres malades graves.

Par ailleurs, si on ajoute les lits disponibles dans les unités de soins intensifs en cardiologie ainsi que ceux existant au niveau des blocs de réanimation post opératoire, on gagne une capacité assez intéressante nous donnant un certain degré de confort avec plus de 300 lits de réanimation potentiels pour les patients graves, éventuellement infectés par le coronavirus, avec la capacité de gérer au maximum un ensemble de 3000 cas déclarés.

Ces données proviennent de nos confrères hospitalo-universitaires qu’on salue pour tout le travail qu’ils font et qu’on aidera, en cas de besoin. Sachant qu’on pourra éviter ce scénario par des mesures gouvernementales préventives claires, exécutables et exécutées de suite.

La prévention pourrait, en effet, être développée par un ensemble de mesures pendant 6 semaines renouvelables si nécessaires. Ces mesures sont les suivantes :

1- le temps de travail aménagé pour rendre le contact assez réduit entre les utilisateurs du transport public;

2- l’interdiction de fumer, notamment la chicha, ou encore les jeux de cartes, dans tous les lieux publics (cafés, salons de thé, etc.);

3- la définition d’horaires stricts d’ouverture et de fermeture des restaurants, des cafés, des salons de thé…;

4- la fermeture de tous les bains publics ;

5- l’imposition d’un couvre-feu entre 20h et 5h, sauf pour certains professionnels comme les policiers les médecins ;

6- l’ajournement des obligations fiscales et des procédures de couverture sociale (CNSS, CNRPS, Cnam…) pour le mois de juin ;

7- l’orientation des malades vers les médecins les plus proches de chez eux, selon des rendez-vous préétablis par téléphone;

8- l’adoption d’une répartition (par les directions régionales de la santé) des moyens de protection disponibles dans les deux secteurs étatique et privé;

9- l’imposition de restrictions des mouvements et des contacts entre les personnes pour réduire les possibilités de propagation;

10- et, last but not least, la généralisation des moyens de contraception avec avis médical pour éviter un boom démographique d’ici 9 mois…

Pour les confrères et consœurs médecins, nous recommandons ceci :

1- le report des chirurgies froides;

2- la limitation des consultations aux urgences;

3- l’espacement des rendez-vous des malades pour éviter au maximum de les rencontrer;

4- l’exigence d’un seul accompagnant par malade;

5- l’usage du masque PFF2 par le médecin (à changer chaque 4 heures), avec gant propre à changer après chaque malade;

6- l’imposition d’un masque chirurgical aux malades;

7- le lavage soigneux des mains avec du gel hydro-alcoolique avec frictions pour une durée de 90 secondes, selon les recommandations de l’OMS;

8- la sensibilisation des patients à la nécessité du lavage des mains;

9- la désinfection systématique du matériel médical après chaque malade;

10- la désinfection régulière de la salle d’attente par l’eau de javel diluée;

11- la détection par téléphone des personnes fragiles et le report si possible des rendez-vous, sinon leur recommander des masques et des gants;

12- la détection par téléphone, dès la prise des rendez-vous, des patients venant des zones à risque et vérifier s’ils ont fait l’auto-isolement de 14 jours, sinon les déclarer aux autorités sanitaires ;

13- étant donné l’existence de cas de coronavirus ayant présenté des conjonctivites 48 heures avant la fièvre, vérifier si le patient a été en contact avec une personne infectée ou en quarantaine ou ayant été en voyage et le déclarer, le cas échéant.

Par ailleurs le ministère de la Santé pourrait développer des centres Covid-19 au niveau des directions régionales de la santé afin d’alléger la pression sur les SMUR et aider les médecins de libre pratique à gérer les cas suspects.

Le ministère de la Santé est, également, dans l’obligation d’organiser et de monopoliser la distribution des moyens de protection nécessaires pour les deux secteurs étatique et privé pour pouvoir respecter les recommandations de l’OMS en ce qui concerne la prévention du coronavirus.

Dans le cadre d’un partenariat privé-étatique, le Syndicat tunisien des médecins de libre pratique (STML) reste ouvert à toute proposition de la part des directeurs régionaux de la santé pour participer au développement, sur les plans local et régional, des stratégies de gestion des hospitalisations à domicile, sans un passage par les réquisitions ordonnancées, éventuellement en cas d’un passage au-delà d’un niveau 2 pour l’évaluation de cette crise sanitaire causée par la pandémie de coronavirus.

* Médecin généraliste, président de section de Béja et membre de la commission administrative Syndicat tunisien de médecins de libre pratique (STML).

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