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Villes intelligentes en Tunisie : des projets prêts à sortir des cartons

La deuxième édition de la caravane Tunisian Smart Cities s’est déroulée sous le slogan «Une édition axée sur les projets». Son objectif majeur est d’étudier l’éligibilité des villes tunisiennes pour intégrer le programme national des villes intelligentes et durables et de construire une base de données de projets communaux qui constitueront le catalogue national des projets PPP dans les périmètres communaux des Smart Cities.

Soutenue par ses partenaires la Sotetel, l’Agence Tunisie Internet (ATI), Be Wireless Solutions (BWS) et le Centre d’études et de recherche des télécommunications (CERT), l’association Tunisian Smart Cities a lancé, en collaboration avec l’association Bizerte 2050 et avec l’appui de l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), sa première tournée de la caravane TSC pour l’année 2020 qui vise essentiellement à caler un cadre d’éligibilité des villes tunisiennes pour intégrer le programme national des smart cities et discuter avec les interlocuteurs locaux des vraies solutions et des vrais projets smart.

Sept ministères se sont associés à cette démarche, en l’occurrence ceux des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, des Affaires locales, l’Environnement, du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, du Transport, et des Finances.

Après la sensibilisation, le temps de passer à l’action

La première édition de la caravane TSC en 2019, marquée par deux tournées réussies dans les 24 gouvernorats du pays ayant touché une trentaine de villes tunisiennes, a permis de sensibiliser le grand public sur l’importance de la ville intelligente et durable et ses bienfaits sur la qualité de vie du citoyen, à travers le renforcement des services et des infrastructures de base en utilisant au mieux les technologies disponibles. Elle a également contribué à diffuser ce qui faudrait exactement faire par rapport aux smart cities en Tunisie.

La caravane TSC est revenue dans cette deuxième édition pour bâtir un catalogue national des projets «PéPéables», qui sont des projets réalisables, autonomes financièrement et qui entrent dans le cadre du partenariat public privé.

Cette démarche constitue une véritable occasion pour les collectivités locales, en l’occurrence les municipalités, pour tirer profit de la loi de partenariat public-privé (PPP) et créer des projets réellement sur le terrain. Ces projets devront être intégrés dans les périmètres smart city déjà existants ou nouvellement créés, ce qui permettra de créer une dynamique de projets au niveau national. La question du financement devra être abordée d’une manière concrète à travers ces projets.

Le programme de cette nouvelle tournée s’est déroulé dans plusieurs localités du sud tunisien, de Seitla à Kerkennah passant par Kasserine, Sidi Bouzid, Bir El Hafey, Metlaoui, Tozeur, Nefta, Hazoua, Douz, Ghomrassen, Mahres, Gabès et El Hamma.

Durant une semaine, l’équipe de la caravane a eu d’importante rencontres et visites de terrain ayant permis aux différents intervenants de réfléchir aux nouveaux modèles économiques, aux mutations des relations entre les différents acteurs publics et privés dans les territoires, aux enjeux relatifs à l’aménagement intelligent et durable des territoires en utilisant les technologies pour faciliter la vie des citoyens.

Gabes Smart City lancée sous la marque «Gabes, l’oasis intelligente»

Ces rencontres constituaient également une véritable occasion pour diffuser l’expérience de Bizerte Smart City et celle de la Société de promotion du Lac de Tunis (SPLT), étant des expériences à des échelles différentes qui ont obtenu l’appui des autorités locales et nationales et qui ont pu décrocher de nombreux prix en Tunisie et à l’étranger, en plus de l’expérience Gabes Smart City lancée sous la marque «Gabes, l’oasis intelligente». Ce projet qui s’étale sur les 42 hectares de l’ancien aéroport militaire constitue un modèle intéressant de co-construction de projets locaux avec les outils de la démocratie participative conduits par la mairie et le gouvernorat de Gabes.

Un ensemble de projets de grande envergure ont été également évoqués en marge de cette caravane dont le projet Taparura à Sfax, l’extension de l’Oasis intelligente à Gabes, la zone commerciale franche à Hazoua et Mahres, ville verte et connectée.

Le projet de l’oasis intelligente progresse dans une logique intercommunale
Gabes, l’oasis intelligente commence à prendre forme grâce aux efforts déployés par le maire de la ville, les jeunes et les acteurs socio-économiques locaux. Le projet dont le coût est estimé à deux milliards de dinars sur 20 ans, vise à assurer l’équité sociale à travers la répartition équitable du transport et des services et la mixité urbaine et sociale qui assure l’inclusion des zones marginalisées. Sur le plan environnemental, il vise à préserver les écosystèmes et la biodiversité marine et oasienne sur l’unique oasis maritime méditerranéenne.

Ce projet dont 70% de sa superficie est réservée aux espaces verts constitue un gain majeur capable de changer l’image de la ville, ainsi que le mode de vie de la population. Plus de 20.000 postes d’emploi directs sont prévus.

Outre les 42 hectares de propriétés de l’Etat déjà alloués au projet, d’autres périmètres seront programmés ultérieurement dans une logique intercommunale. La commune de Teboulbou, nouvellement créée, est la première à être concernée vu sa proximité du site du projet et de l’autoroute reliant Gabes à Tunis et son front de mer pittoresque. La gare multimodale est l’une des composantes du projet qui devront y être installées. D’autres communes comme Chenini et Bouchema devront être également incluses. Et pour pouvoir avancer, un objectif à court terme a été fixé pour résoudre les problèmes fonciers qui accablent la région.

Cette extension programmée dans une logique intercommunale devra se traduire par la mise à disposition de la structure de portage envisagée d’un terrain de 240 hectares de propriétés de l’Etat, en plus de Chott Hamrouni (propriété de l’AFP) et Chott Ouled Abouda (propriété privée).

Taparura va changer l’image de Sfax

S’étendant sur un terrain de 420 ha au bord de la Méditerranée, gagné suite à d’importants travaux de remblaiement entrepris avec un coût total de 148 millions de dinars, Taparura est un programme d’aménagement urbain durable qui vise à réconcilier la métropole de Sfax avec son littoral. Un quartier urbain à usages mixtes devra être construit à seulement quelques mètres de la vieille ville, entre le port et l’amphithéâtre de Sidi Mansour. La superficie est estimée à plus de deux fois le centre-ville actuel (médina, ville européenne et Sfax Nouvelle).

Le caractère écologique et la dimension internationale dont jouit le projet Taparura ont poussé ses promoteurs à penser à une ville durable et smart à la frontière de la vieille ville. Le nouveau village écologique comprend des zones de loisirs, de santé et de remise en forme, des établissements d’hôtellerie, des quartiers d’affaires, d’activités commerciales et d’habitat, des équipements collectifs structurants et un musée océanographique. Des voies piétonnes, une promenade le long de la plage et une route de corniche sont prévus d’être aménagés. L’emplacement de l’actuelle gare ferroviaire de Sfax devra être modifié, en prévision de l’installation d’une station de transport multimodal desservant tous les moyens de transport urbain (métro léger, chemins de fer, bus, transport électrique) qui permettra de relier la ville de Sfax à Taparura, avec la possibilité d’étendre l’avenue Ali Belhouane ou celle de Habib Bourguiba vers Taparura.

La smart agriculture est la priorité des priorités à Sidi Bouzid

Célèbre pour sa production agricole riche et diversifiée, la région de Sidi Bouzid produit 30% du total de la production agricole nationale et offre de véritables opportunités d’affaires dans les activités de première transformation des produits agricoles.

Le maire de la ville estime que la smart city est une opportunité à saisir pour valoriser cette richesse. Selon lui, la ville de demain ne peut se dessiner qu’à partir de l’existent. Le projet de la smart city devra tenir compte de la vocation agricole de la région et être porteur de solutions aux problèmes rencontrées au quotidien par les citoyens à Sidi Bouzid, dont celui du marché de gros de la ville qui demeure boudé par les agriculteurs et ne reçoit que 10% de la production agricole régionale de fruits et légumes.

Il estime que la restructuration de ce marché qui s’étale sur une superficie de 20 hectares devra faire de Sidi Bouzid une plateforme régionale de production agricole. Le coût du projet est estimé à 60 millions dinars.

Le maire précise que l’économie de la région repose essentiellement sur l’agriculture qui contribue à l’emploi. Adhérer au programme national des villes intelligentes et durables constitue, selon lui, l’occasion opportune pour un développement agricole alternatif qui pourrait offrir des opportunités d’emploi attractives.

La rénovation de l’infrastructure, en particulier l’infrastructure numérique, est un autre point clé de la ville de demain. En effet, le retard accusé dans le démarrage des grands projets d’infrastructure entravent la prospérité et l’épanouissement de la ville.

Bir El-Hafey mise sur la persévérance de la jeunesse

Le conseil municipal à Bir El-Hafey considère le programme national des villes intelligentes et durables comme une opportunité bénéfique pour acquérir les pratiques de bonne gestion et améliorer la qualité des services et des commodités fournis aux citoyens.

Le maire de Bir El-Hafey, un jeune homme ambitieux et avide qui cherche avec tant d’ardeur à se distinguer de ses semblables, voit en ce programme la solution inégalée pour identifier les tendances d’avenir et saisir les opportunités de partager sur des projets à démarrer. Selon lui, le projet de construction de l’autoroute reliant Tunis à Jelma qui traversera le village risque de menacer la viabilité des dizaines de petits commerces qui tirent profit du trafic des passagers sur la route nationale. Adhérer au programme Smart Cities devra lui venir en aide pour réfléchir les moyens opportuns capables de préserver ces commerces et tirer profit de la nouvelle autoroute.

Tozeur adopte un modèle 100% écologique

Le tourisme alternatif et culturel, l’agriculture biologique et les énergies renouvelables sont les principaux piliers de Tozeur la ville de demain, pensée pour être à la fois connectée et durable. Conscients des enjeux et de l’importance de la smart city pour le développement socio-économique, les responsables locaux travaillent d’arrache pied pour le développement d’un plan d’action pour transformer la ville en un site typiquement écologique, tout en tirant profit de ses ressources naturelles, ses écosystèmes uniques et sa beauté architecturale envoûtante.

Selon le gouverneur de Tozeur, la région dispose de tous les atouts pour accélérer cette transformation. La ville a vu l’inauguration de sa première centrale photovoltaïque en mois d’août 2019 avec une capacité de 10 mégawatts couvrant 25% des besoins énergétiques de la région. Une deuxième centrale solaire, dont les travaux de mise en place démarreront bientôt, devra produire 10 mégawatts supplémentaires permettant ainsi de satisfaire les besoins énergétiques de la région. Atteindre l’autosuffisance énergétique permettra aux divers opérateurs, notamment touristiques, de maîtriser les coûts, estime-t-il.

Hazoua, une ville écologique à la frontière algérienne

La zone franche économique et l’agriculture écologique sont les secteurs d’intérêt potentiel de Hazoua la ville intelligente et durable. Hazoua est une ville frontalière qui se situe à 30 km de Tozeur et à environ 250 km d’Oued Souf, une grande ville commerciale algérienne, et voit chaque année le passage d’environ 1,5 million de voyageurs. En raison de sa proximité de la frontière algérienne et son positionnement sur la route reliant Tozeur à Oued Souf, la création d’une zone franche économique devra avoir des retombées positives sur le développement de la région. L’agriculture écologique constitue un autre pilier de la smart city. La ville qui s’étale sur une superficie de 25 km2 est classée parmi les cinq premières villes écologiques à l’échelle nationale. Elle abrite des zones agro écologiques très diverses (1000 hectares) dont 300 hectares d’oasis biologiques.

Ghomrassen oeuvre à valoriser son patrimoine

Ghomrassen est une ville du Sahara tunisien qui se distingue par ses caractéristiques architectures impressionnantes, son caractère géologique particulier qui suscite l’intérêt des géologues du monde entier et son histoire qui est confirmé par les monuments historiques qui appartiennent aux différentes époques.

Les parties prenantes à Ghomrassen est consciente de la nécessité de préserver le patrimoine architectural, historique et géologique de la région.

Le projet Ghomrassen Smart City s’articule autour de la valorisation du patrimoine culturel et le développement du tourisme alternatif pour une meilleure exploitation des caractéristiques géologiques.

Mahres, ville verte et connectée

Etant donné qu’une partie significative de la population de Mahres réside à l’étranger (20 à 30% de la population), les responsables locaux ont pensé à un projet qui fait participer beaucoup d’entre eux aux processus de développement locaux. Un plan d’actions prioritaires Migration-Développement qui se décline en deux axes thématiques a été mis en place; Mahres ville verte, Mahres ville connectée.

Ce plan d’actions s’inscrit dans le cadre de l’initiative pilote 4M «Mahres dans le monde et le monde dans Mahres» financée par l’Union européenne.

L’axe «Mahres, ville verte» implique l’aménagement du plan de circulation de la ville et des espaces verts. Les interventions prévues visant à embellir l’image de la ville et faciliter la vie au citoyen incluent l’amélioration de deux points de circulation pour une meilleure fluidité du mouvement, le réaménagement de la corniche, la création et le réaménagement des espaces verts, la création des pistes cyclables, l’aménagement des trottoirs et la création des places de parking pour subvenir aux besoins de stationnement quand le souk est converti en zone piétonne.

L’axe «Mahres ville connectée» implique la création d’une application mobile, baptisée «Mahresna», qui vise à faciliter et promouvoir l’échange entre la municipalité et les résidents à l’étranger natifs de la ville.

Source : communiqué.

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