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Le dogme islamique sur l’héritage n’est plus de notre temps

L’auteur répond au président Kaïs Saïed, qui, dans son discours du 13 août 2020, à l’occasion de la célébration de la Fête nationale de la femme, a réitéré son opposition à toute initiative pour instaurer l’égalité successorale, en se basant sur le texte coranique. Plutôt surprenant de la part d’un homme de droit, qui plus est, constitutionnaliste.

Par Ghazi Riahi *

Quand Ali envoya Ibn Abbes aux Kharijites (les dissidents) pour débattre avec eux et les convaincre de revenir sur leur décision, il lui a recommandé de ne pas argumenter avec le Coran : «Ne les affronte pas avec le Coran, car le Coran est porteur de controverses, à travers lui, chacun aura sa propre lecture et ses propres arguments et chacun y verra sa propre vérité».

Professeure Naila Silini met en garde Kaïs Saïed de se référer explicitement au texte coranique sans tenir compte des aspects contextuels liés à des circonstances conflictuelles, à une époque qui n’a plus aucun rapport avec la nôtre ainsi que des traditions incrustée dans les habitudes de cette époque; tels que le dogme sur l’héritage qui est venu pour protéger le patrimoine de la tribu et de la famille patriarcale où la femme ne participe pas à la création de la richesse. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

L’interprétation de Kaïs Saïed obéit au postulat selon lequel la Parole de Dieu est consubstantielle à Dieu Lui-même et elle est éternelle comme Lui. Autant, dans cette même logique, revenir aux autres lois, condamnables de nos jours, telles que l’amputation de la main droite du voleur, la pratique de l’esclavage, la répudiation de la femme, la lapidation pour adultère, etc., afin d’obéir au postulat de l’imprescriptibilité du texte coranique.

Seulement voilà, ce postulat contredit le Coran de part en part. Dans le Coran, Dieu et Sa parole n’ont pas le même statut. Dieu transcende le temps, mais Sa parole s’implique dans le temps. La parole de Dieu entrelace l’absolu et le relatif, l’universel et le particulier, le spirituel et le temporel. C’est pourquoi le Coran ne peut être lu comme un ensemble de commandements à observer tels quels partout et toujours.

* Universitaire.

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