Accueil » En Tunisie, le médecin est un soldat sans arme pendant une guerre

En Tunisie, le médecin est un soldat sans arme pendant une guerre

L’agression dont a été victime, il y a quelques jours, un jeune médecin résident à l’hôpital El-Yasminet à Ben Arous, continue de faire réagir ses collègues et l’opinion publique en général qui appellent depuis plusieurs années la justice à sévir fermement contre les auteurs de pareilles agressions, qui font fuir beaucoup de nos médecins méritants à l’étranger, où ils trouvent de meilleures conditions de travail.

Par Dr Wassim Chatty *

Tu nais et tu grandis avec un rêve: celui de soigner et d’apaiser les souffrances de tes compatriotes.

Depuis ton jeune âge, tu n’as que cet objectif en tête et tu fais tout pour le mettre en œuvre. Combien d’heures à étudier, lire, faire tes devoirs pendant que les autres s’amusent ?

Avec plusieurs mois voire des années de dur labeur, tu obtiens ton bac avec mention très bien et tu choisis sans hésiter de continuer tes études dans le domaine le plus noble qui puisse exister: la médecine.

Un seul objectif, aider les malades et apaiser leurs souffrances

Tu te retrouves à étudier les domaines aussi immenses que variés, tel que l’anatomie, la physiologie, la biophysique et j’en passe. Puis tu rentres enfin dans le vif du sujet: tu passes des jours et des nuits à étudier toutes les spécialités possibles et imaginables de la cardiologie à l’orthopédie en passant par la médecine d’urgence … Tu es fatigué, exténué, sur le plan physique mais aussi mental. Mais ce n’est pas grave; tu sais qu’au bout, tu vas atteindre ton objectif, celui d’aider les malades et d’apaiser leurs souffrances. Et devant un tel objectif, tu retrouves la motivation de continuer et tu donnes tout.

Après plusieurs années, te voilà dans le grand bain. Tu deviens finalement médecin interne et par la suite médecin résident. Tu te trouves dans des hôpitaux qui manquent de tout et surtout de matériel: pas de thermomètres dans des services de pédiatrie, pas de gants propres ni stériles, pas de compresses, pas mal de médicaments non disponibles et j’en passe. Cela est devenu plus flagrant pendant la crise de la Covid-19: pas d’oxygène; les patients qui méritent d’être pris en charge en milieu de réanimation ne le sont pas car il n’y a pas assez de places…

Malgré le manque de moyens, le médecin se démène pour alléger les souffrances

Et toi, tu retrouves, jeune médecin, tel un soldat sans arme pendant une guerre: tu essayes de faire ton maximum, tu donnes tout, tu te démènes malgré tout pour soigner et alléger les souffrances.

Tout ça pour quoi? Pour qu’à la fin, une personne, qui souffre de la mort d’un proche que tu as essayé de soigner/sauver malgré l’absence de moyens, te tabasse en plein jour, sans aucun agent de sécurité autour…

Cher confrère, je suis de tout cœur avec toi et il faut que cela ne se reproduise plus jamais!

Articles liés :

Tunisie : Dr Dhouafli dénonce l’agression d’un médecin à l’hôpital El-Yasminet de Ben Arous (Vidéo)

http://kapitalis.com/tunisie/2021/07/23/a-propos-de-lagression-du-jeune-medecin-resident-a-lhopital-de-ben-arous/

Pourquoi les médecins tunisiens quittent-ils leur pays ?

Articles du même auteur dans Kapitalis :

http://kapitalis.com/tunisie/2021/07/12/covid-19-tunisie-on-ne-sauvera-pas-leconomie-en-sacrifiant-la-sante/

Tunisie : le combat contre le Covid-19 doit être mieux organisé

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.