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Lancement d’une campagne en Tunisie pour le droit à l’eau

Mercredi 15 décembre 2021, la salle Le Rio à Tunis a accueilli les activités du colloque organisé par International Alert, en partenariat avec l’association Nomad08, qui a pour objectif de présenter la campagne intitulée «L’eau est un droit constitutionnel» et la clôture du projet de «Renforcement de la gouvernance démocratique participative de l’eau dans le gouvernorat de Kasserine».

Durant ce même colloque, les garanties juridiques et institutionnelles pour activer le droit à l’eau ont été passées en revue.

La clôture du projet a été l’occasion de présenter le documentaire «Kasserine, eau de la dignité» du réalisateur Samed Hajji, où il a présenté un exemple frappant d’accès inégal à l’eau potable dans ce gouvernorat de l’ouest, ainsi que la pollution industrielle et son impact sur les ressources en eau.

Les participants ont eu des discussions autour du documentaire, en présence d’Olfa Lamloum, directrice du bureau d’International Alert en Tunisie, Alaa Marzouki, PDG de Nomad 08, du réalisateur Samed Hajji, et de l’avocat Mohamed Bouzegro, qui a passé en revue dans son intervention les garanties législatives et institutionnelles et leurs insuffisances pour garantir le droit à l’eau en Tunisie.

Olfa Lamloum a souligné «la nécessité de former une large alliance associative qui défende le droit des parties marginalisées à accéder à l’eau et la nécessité de formuler une alternative de développement respectueuse de l’environnement qui rompe avec l’épuisement de la nappe phréatique en raison des méthodes de production actuellement utilisées».

Alors que le projet s’est inspiré des régions marginalisées de l’intérieur du pays lorsqu’il a choisi d’aborder la situation actuelle du gouvernorat de Kasserine, qui se classe au troisième rang national en termes de fréquence des coupures d’eau, le colloque a passé en revue les manifestations des inégalités dans les l’accès au droit à l’eau au niveau national en présentant un document de recherche juridique préparé par l’organisation sur le «Système de l’eau en Tunisie», qui passe en revue le cadre juridique et législatif de la gouvernance de l’eau et les garanties d’y accéder.

Les participants ont fourni un certain nombre de données lié à la mauvaise utilisation des ressources hydrauliques et à la rareté de l’eau potable dans le pays. L’étude a montré que, bien que le pourcentage national de maisons raccordées au réseau d’eau potable atteignait 84%, Kasserine, par exemple, n’a pas dépassé le pourcentage de 60%, en plus de l’usure des installations d’eau, de leur manque d’entretien, et de la détérioration des infrastructures, qui a causé un taux de fuite d’eau de 3%.

Bien que l’article 44 de la Constitution tunisienne de 2014 inclue le droit à l’eau, après sept ans de sa ratification, les politiques et législations actuelles n’ont pas été revues pour garantir le droit de tous les citoyens, sans exception, à l’eau, et les gouvernements successifs n’ont adopté aucune politique participative afin de rationaliser la gouvernance des ressources en eau et de mettre en œuvre l’égalité dans sa répartition entre les régions tout en garantissant les droits des générations futures, et ce malgré l’exacerbation des protestations dans de nombreuses régions marginalisées, dont certaines se sont heurtées à la répression ou à des procès inéquitables.

Le Code de l’eau, promulgué en 1975, est toujours en vigueur aujourd’hui, bien qu’il se limite aux aspects techniques et ignore les aspects relatifs aux droits de l’homme qui ne doivent pas se limiter au respect de la Constitution, mais plutôt de toutes les dispositions de l’Organisation internationale des droits de l’Homme, en particulier le Pacte international relatif aux droits économiques et sociaux.

Dans ce contexte, Alaa Al-Marzouki a considéré «la question d’accélérer la création du Code de l’eau, en adoptant une approche participative, comme une nécessité urgente pour réduire les disparités et garantir le droit des personnes marginalisées à accéder à l’eau».

Le document de recherche a recommandé d’allouer les fonds nécessaires pour garantir le droit de chacun à l’eau, d’appliquer le principe de responsabilité du pollueur et d’obliger les entreprises industrielles à réduire leur consommation d’eau.

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