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Le poème du dimanche : «Nous autres» de Abdelaziz Kacem

Poète et essayiste contemporain bilingue, né à Bennane dans le Sahel tunisien, en 1933, Abdelaziz Kacem a publié plusieurs recueils et essais critiques. Agrégé de langue arabe à la Sorbonne, il a fait carrière dans l’administration tunisienne, en assumant de hautes responsabilités dans les secteurs de la culture, de l’information et de la communication. Il a ainsi dirigé la Radiotélévision Tunisienne, la Bibliothèque nationale et le Centre culturel international de Hammamet.

De son bilinguisme, spécifique de la plupart des Tunisiens de sa génération, Abdelaziz Kacem écrit : «Poète bilingue, j’ai une langue mère et une langue nourrice, deux noms pour chaque chose, deux horizons pour chaque imaginaire». Et sur douce manie de cajoler les mots et les faire chanter, il écrit: «La poésie demeure une et indivisible. Elle est le rendez-vous des derniers vétéran du verbe. Ce n’est pas pour rien que j’appartiens à une civilisation qui a édifié Babel».

Parmi ses recueils de poésie en français, on citera L’Hiver des brûlures (1994), Zajals (2016). Son tout dernier Quatrains en déshérence (2021), publié récemment par les éditions Leaders. Il avait reçu, rn 1986, le Prix Ibn Zaydoun de l’Institut hispano-arabe de culture à Madrid, et en 1998, le Prix du rayonnement de la langue et de la littérature françaises.

Nous autres

De notre temps

Et si mauvais que fût parfois le bon vieux temps

Nous y avons vécu six mille ans sans vieillir

De notre temps en dépit des disettes

Quand savoir et saveur clamaient leur parentèle

Nous rêvions d’élever nos descendances

En leur léguant de fabuleux carnets d’adresses

Ricane la canaille

En nous traitant de nostalgiques

Nos regrets, nos remords nos peurs prémonitoires

Ne vont que pour les temps qui ne sont pas venus

Me nargue la piétaille

Descend de ton donjon Dégage entends-je

Je m’en tient au NON A LA CHIENLIT

Proféré à la fin d’une Recréation

Salut à toi Omar Ibn Abî Rabî’a

Toi qui au Saint des saints à la Kaaba

Confessais l’amour un et divisible

Sans qu’aucun bondieusard n’y trouvât à redire

Salut à toi Omar Khyayyâm de Nichapour

Œnologue des hautes treilles

Plus que par ton algèbre ou ta cosmogonie

Chacun de tes quatrains est une anagogie

Poème extrait de « Quatrains en déshérence » (éditions Leaders, 2021).

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