Né à Anvers en 1941, le poète Werner Lambersy, une voix majeure de la poésie francophone belge, aurait pu devenir un écrivain de langue flamande, mais pour des raisons familiales, où son père fut nazi, il choisit radicalement de rompre avec la langue de l’enfance et écrire en français.
Werner Lambersy a publié depuis 1967 plus de soixante recueils, souvent en compagne d’artistes. Son œuvre est couronnée de nombreux succès et honorée de prix littéraires. Installé à Paris, il fut responsable de la promotion des lettres belges, près du Centre Wallonie-Bruxelles. Il décède en 2021.
Sa poésie, marquée par la révolte contre toutes sortes d’oppressions, historiques, politiques ou religieuses, est aux aguets de tout ce qui menace la dignité humaine. Ouverte sur le monde, elle mêle, dans ses élans intimes, philosophies extrême-orientales et accents surréalistes. Sa thématique du quotidien relève les contrastes, l’absurde, l’agitation permanente, l’appel à la beauté et la liberté.
Parmi ses recueils : L’éternité est un abattement de cils, anthologie personnelle, 2004; Parfums d’apocalypse, 2006; In Angulo Cum Libro, 2015; La chute de la grande roue, 2017; Le jour du chien qui boite, 2020.
Tahar Bekri
…
Je me souviens du verger dans le
Ventre de ma mère de l’amande
Douce de sa poitrine et de l’olive
De ses baisers puis on me chassa
Des jardins d’Eden et depuis lors
Je cours ne sachant pas ce qu’est
La mort dont on me parle et pas
Grand-chose de la vie où je suis !
Le temps paraît-il est un preneur
D’otages dont la rançon jamais n’
Est payée l’âme ne peut tourner
Son cou de crocodile vers le ciel
Le jour du chien qui boite il pleut
Toujours ce qu’on voit qu’on sent
Qu’on touche découvre une robe
En pilon et des bas qui retombent
On ne se souvient qu’à peine des
Magnificences des dahlias et du
Baiser volé aux demoiselles des
Fêtes en l’honneur des papillons
On se rappelle que celle qui dort
Abandonnée et nue sur les draps
De ton lit seule l’hirondelle saura
La hauteur où volent ses rêveries
Et on se sentira détruit de ne pas
Voir la splendeur universelle venir
Saluer les quotidiennes et simples
Beautés dont tu respires les pans
‘Le jour du chien qui boite », 2020. Extrait publié avec l’aimable autorisation de l’éditeur.
* C’est nous qui donnons le titre (T. B.)
Le poème du dimanche : ‘‘Le grand combat’’ et autres textes d’Henri Michaux
Le poème du dimanche : Six poèmes de Guillevic
Le coin du poète : »Afghanistan » de Tahar Bekri.
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