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Elyes Kasri : «Kaïs Saïed chasse des moulins à vent»

Le président Saïed en visite inopinée lundi 14 mars 2022 dans une boulangerie à Tunis.

Dans une boulangerie-pâtisserie d’Ennasr, à Tunis, le prix d’un cake passe de 8 a 12,500 dinars, soit une augmentation de 56%, en l’espace de quatre jours, constate Elyes Kasri, ancien ambassadeur de Tunisie au Japon et en Allemagne, dans un post Facebook. Et de s’alarmer : «Le cycle inflationniste semble s’emballer pour atteindre des proportions dignes de l’Amérique du sud.»

Tout en déplorant ce qu’il appelle «la banalisation du trafic des stupéfiants et de la contrebande et la prédominance de l’argent sale sur l’économie, la politique et les médias», le diplomate estime cette spirale inflationniste infernale, dont se plaignent les Tunisiens depuis plusieurs années et qui est en train de prendre une allure inquiétante à cause de la crise sanitaire et de la guerre russo-ukrainienne, «peut être considérée comme un révélateur supplémentaire de l’échec et peut-être même de la faillite de l’Etat», en Tunisie, dont les signes avant-coureurs se multiplient avec notamment le creusement du déficit budgétaire, l’aggravation des fléaux de la contrebande, de la spéculation et du monopole et l’incapacité des pouvoirs publics à y faire face.

«Certains iraient jusqu’à déplorer la déliquescence de l’Etat tunisien en dépit des quelques rodomontades et mises en scène futiles, éphémères et sans effet durable», écrit le diplomate dans une limpide allusion aux gesticulations et imprécations du chef de l’Etat Kaïs Saïed, qui n’a de cesse de menacer ceux qui, selon ses termes, «cherchent à affamer les Tunisiens», ne considérant que l’un des aspects, et sans doute pas le plus important, de l’inflation, de la hausse des prix et de la baisse du pouvoir d’achat des citoyens, tout en passant sous silence les autres aspects, comme les graves déséquilibres des finances publiques, le creusement du déficit de la balance extérieure, l’effritement de la valeur de la monnaie nationale face aux devises internationales, la hausse des cours dans les marchés internationaux, etc., sans parler de la baisse de la productivité des Tunisiens conjuguée à leur boulimie consumériste.

Dans un autre commentaire, Elyes Kasri ne mâche pas ses mots en pointant du doigt la propension qu’a le président de la république à taper toujours à côté de la plaque. «Alors que la Tunisie s’enfonce dans une crise économique résultant d’une décennie de pillage et de gouvernance désastreuse récemment exacerbée par le prélude des conséquences économiques de la guerre en Ukraine, notre président omnipotent et super populaire ressasse les mêmes rodomontades et sa chasse aux moulins à vent», écrit-il. Et ajoute : «Dans la conjoncture gravissime de la Tunisie et de ses principaux partenaires et pourvoyeurs de fonds étrangers, cette ignorance des règles les plus élémentaires de l’économie et de la géopolitique est devenue carrément alarmante.» Ce que les Tunisiens, qui continuent d’applaudir les gesticulations de M. Saïed, vaines et inefficaces, et ne voient pas qu’il est en train de rater le coche en ne voyant pas l’ampleur de la crise mondiale et ses impacts dévastateurs sur la Tunisie. Et en ne mobilisant pas la nation pour y faire face…

I. B.

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