Tunisie : l’affaire de l’appareil secret d’Ennahdha va-t-elle être accélérée ?

Le tribunal n’a pas encore commencé à interroger les prévenus dans l’affaire dite de «l’appareil secret du mouvement Ennahdha», dans laquelle 34 personnes sont impliquées, dont le président du parti islamiste tunisien Rached Ghannouchi, a indiqué l’avocate Imen Gzara, membre du comité pour la défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.

S’exprimant lors d’une conférence de presse tenue, mercredi 1er juin 2022, à Tunis, Me Gzara a rappelé que le tribunal de première instance de l’Ariana, qui s’est saisi de l’affaire de l’appareil secret du parti islamiste tunisien, a rendu des décisions d’interdiction de voyager à l’encontre de 34 personnes, après plus de trois ans et demi d’efforts de la part de le comité de la défense pour porter l’affaire devant les tribunaux et trois ans et demi de procrastination de la part de la justice.

Me Gzara a critiqué le laxisme de la justice dans l’examen de cette affaire, soulignant que le comité de défense «avait fait d’énormes efforts procéduraux» pour renvoyer cette affaire devant la justice. Selon l’avocate, le juge d’instruction en charge de l’affaire avait indiqué qu’«avant de renvoyer officiellement l’affaire, aucune partie judiciaire n’avait examiné la plainte s’y rapportant».

Me Gzara a également révélé que le procureur général près la cour d’appel de Tunis, a porté plainte, le 24 mai dernier, contre Rached Ghannouchi et 17 autres accusés pour «atteinte à la sécurité extérieure de l’Etat et trafic d’influence pour obtenir des informations de parties étrangères». Ce qui resserre l’étau judiciaire contre les dirigeants d’Ennahdha dont la responsabilité politique est évoquée dans les affaires relatives aux assassinats des dirigeants politique Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, tués successivement, le 6 février et le 25 juillet 2013 par des extrémistes religieux dont la proximité avec Ennahdha est prouvée, même si la responsabilité directe de ce parti, qui était au pouvoir entre 2011 et 2021, dans les deux assassinats reste à prouver par la justice.

La décision prise hier soir par le président Kaïs Saïed de révoquer 57 magistrats impliqués dans des affaires de corruption et de terrorisme, dont certains sont parmi les ténors du palais de justice, pourrait aider à accélérer les procédures judiciaires et à lever les freins institutionnels et corporatistes qui empêchaient jusque-là les juges honnêtes à faire leur travail sans encourir des menaces ni des pressions politiques. C’est du moins ce que l’on espère tous, tout en appelant les autorités à donner aux juges en charge des dossiers politiques les moyens nécessaires à l’exercice de leurs lourdes tâches.

I. B.

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