Tunisie : Noureddine Taboubi dans le rôle de leader de l’opposition

En 2020, c’était l’ex-président de l’Assemblée Rached Ghannouchi qui doublait le président de la république Kaïs Saïed en recevant les représentants des partis, des organisations nationales et même des diplomates étrangers accrédités à Tunis. Aujourd’hui, C’est Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui outrepasse son rôle et double le chef de l’Etat. Cherchez l’erreur…

Par Imed Bahri

Mardi 7 juin 2022, M. Tabboubi a reçu les représentants de 5 partis d’opposition : Al-Qotb, Al-Joumhouri, Ettakatol, Al-Oummal et Attayar, pour discuter de la situation générale dans le pays.

Ce qui est inquiétant dans cette affaire, c’est que personne, parmi tous ces bien-pensants qui affirment défendre le droit, ne trouve rien à y redire. Comme si ces rencontres allaient de soi et que le président de l’UGTT pouvait s’autoriser à jouer le rôle d’un chef de l’opposition, du moment que les soi-disant dirigeants ce celle-ci se prosternent continuellement à ses pieds, avec une indignité qui explique le rejet dont ils font l’objet de la part des électeurs.

Quand les analystes déplorent l’indifférence totale d’une grande parti des Tunisiens vis-à-vis des partis politiques et la forte abstention enregistrée lors des différentes consultations électorales, comment ne pas expliquer cette indifférence par le très bas niveau de crédibilité auquel sont arrivés les partis politiques, dont les dirigeants sont généralement lâches, irresponsables et opportunistes. Certains d’entre eux sont carrément des barons de la corruption.

Quand aussi le président Kaïs Saïed, malgré tous les abus qu’on lui attribue, reste très populaire auprès d’une majorité des Tunisiens, qui lui pardonnent tous ses dépassements et apprécient le mépris qu’il voue aux partis politiques, et en jouissent même beaucoup, c’est parce que ces partis n’ont plus vraiment aucune légitimité ni aucune popularité et leurs dirigeants sont soupçonnés de clientélisme, de népotisme et de corruption.

En face, le président Saïed offre l’image (peut-être surfaite mais incontestée, y compris par ses opposants) d’un homme intègre et qui veut assainir un pays gangrené par la corruption. Il n’y met peut-être pas la forme, y allant même comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, mais peu de Tunisiens pensent qu’il cherche à instaurer une nouvelle dictature. Cherchez l’erreur…

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