L’été est là avec l’équinoxe du 21 juin, avec ses problèmes récurrents des plages, puisque la saison estivale commence aussi bien pour les Tunisiens que pour les touristes. Les plages sont un bon indicateur de la prise de conscience écologique des citoyens. Si certains pays en ont pris conscience et leurs gouvernants veillent au respect de la nature, dans d’autres, il faudrait une révolution intellectuelle pour changer les mauvaises habitudes.
Par Rachid Barnat
On voit de temps en temps après de grosses vagues qui charrient algues et boulettes de fibres d’algues, des femmes et parfois des hommes, «agents de nettoyage» au service des hôtels et des résidences de bord de mer, nettoyer les plages de ces «saletés» déposées par une mer agitée; qu’elle laisse derrière elle, une fois qu’elle s’est calmée et retirée.
La mer fait son ménage elle-même
Ces jardiniers des sables ont des instructions de la part de leurs employeurs de débarrasser les plages de ces «saletés» qui n’en sont pas mais qui rebuteraient les baigneurs et les touristes selon eux; alors qu’elles sont déposées temporairement puisque la mer se charge de les couvrir de sable ou de les reprendre. Ce qu’expliquent d’ailleurs certains directeurs d’hôtel, écologistes, pour rassurer leur clientèle que la mer fait le ménage elle-même des plages qu’elle «souille» de «détritus naturels» provenant de sa flore; et qu’elle dépose par-ci par-là, sur les plages.
Et le pire est que ces jardiniers des sables ramassent les algues dans des sacs en plastique qu’ils mettent à l’écart des espaces réservés aux clients pour les soustraire à leur vue; et dont on ne sait pas le devenir : s’ils resteront là ou s’ils iront encombrer des décharges publiques déjà débordées, ou seront jetés dans des décharges sauvages. Et dont le plastique ira rejoindre d’autres plastiques qui jonchent les bords des routes et s’accrochent aux arbres et aux arbustes, apportant une note de couleur à une végétation méditerranéenne qui s’en passerait bien mais dont la pollution visuelle vous poursuit le long des routes tunisiennes à perte de vue dans les champs.
Il serait plus judicieux de ramasser les détritus humains
Alors qu’il serait plus judicieux que ces jardiniers ramassent les détritus humains : bouteilles en plastique, canettes de bière en aluminium, paquets de cigarette et autres papiers gras, que laissent derrière eux des baigneurs peu scrupuleux, inciviques et ne respectant pas la nature. Et laisser la mer gérer ses «détritus» naturels. Et que les hommes se chargent des leurs, pour l’en débarrasser, pour qu’ils ne polluent pas nos plages.
Voilà le genre de travail irréfléchi auquel consentent les directeurs de certains hôtels et les syndics de certaines résidences de bord de mer, en dépit du bon sens, argent et temps à fonds perdu !
Alors que ces responsables du tourisme local, feraient mieux de débarrasser la plage des baraquements hideux qu’ils laissent s’installer et qui d’année en année s’agrandissent par le rajout d’autres «pièces» donnant à l’ensemble un air de bidonvilles; et dont la pollution visuelle, s’ajoute à celle des objets en tout genre en plastic, qui jonchent les plages.
Une insulte à la nature et à l’intelligence des hommes
De même qu’ils devraient interdire l’empiétement sur la plage, espace public faut-il le rappeler, par des plantations sauvages de palmiers, de palétuviers, de gazon et de bananiers dont la vision ne trompe nullement le touriste par une illusion d’îles lointaines, traduisant le mauvais goût et l’anarchie urbanistique dans le prolongement de celle des villes côtières mais dont la présence est une insulte à la nature et à l’intelligence du touriste.
Et voilà comment nos si belles côtes tunisiennes qu’on nous envie sont en train d’être défigurées comme le reste, alors que des solutions existent; à commencer par le remplacement des sacs en plastique par des sacs en papier, par l’interdiction des cabanons en bois et en tôles ondulées sur les plages et par l’interdiction de «végétaliser» les plages par des plantes exotiques, en dépit du bon sens !
La politique sur le court terme va finir par tuer la poule aux œufs d’or. Déjà que la bétonisation des côtes par les hôtels commence à faire fuir les touristes qui cherchent l’authentique et le naturel, depuis que l’écologie est entrée dans les mœurs des gens.
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