Maghreb : le Maroc chasse le doute, la Tunisie s’y enfonce  

Face à des Marocains qui recueillent aujourd’hui le fruit de leur émergence économique, les Tunisiens, moins performants que dans les années 1990-2000, offrent désormais l’image d’une descente aux enfers. Au lieu de bonifier leurs acquis, la démocratie les a jetés dans la gueule de la médiocrité, du laisser-aller, du chacun pour soi et de tous contre tous. (Illustration : Marocains et Tunisiens célèbrent à Milan l’accession du Maroc aux demi-finales de la Coupe du monde de football Qatar 2022).

Par Elyes Kasri

L’épopée glorieuse des Lions de l’Atlas et la publicité mondiale recueillie par le Maroc ainsi que sa reconnaissance en tant que puissance émergente capable de bousculer les grands de ce monde, nous interpellent à plus d’un titre et soulignent tragiquement la médiocrité dans laquelle s’enlise inexorablement la Tunisie dans tous les domaines dans un déni pathétique de ceux qui n’arrivent pas à réaliser que notre pays avance à reculons et au pas de course en plus.

Les abus de pouvoir, les rentes de situation, l’appât sordide du gain immédiat et de la petite gloire personnelle, en profitant de l’abattement, de la crédulité ou de la cupidité des autres, au détriment du bien collectif à tous les niveaux et selon une variété de modalités, sont devenus la principale règle de conduite chez un peuple qui semble en voie de perdre le sentiment d’appartenir à une nation pour revenir au stade, tant décrié par le grand leader Habib Bourguiba, de poussière d’individus.

Un fossé béant

Contrairement aux slogans de la révolution, cette descente aux enfers enclenchée depuis 2011, semble s’accélérer avec les indices d’un fossé de plus en plus béant entre les structures organisées aux niveaux national et local et le commun des mortels qui se voit progressivement ramené à l’état de nature du chacun pour soi et du tous contre tous.

Sommes-nous en droit d’espérer un sursaut de patriotisme et le réveil du sentiment national pour dissiper les chimères destructrices et surmonter les discours de la polarisation et de la division?

* Ancien ambassadeur.

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