Tunisie : le processus du défaut de paiement serait-il enclenché ?

Défaut de paiement de l’Etat tunisien? C’est déjà à l’œuvre, selon des sources concordantes! Moody’s en tête, et pas seulement! Plusieurs fonds vautours seraient déjà en négociations pour mettre la main sur des obligations tunisiennes pressenties brûlées et bradées, mais monnayables politiquement, dans le cadre de privations d’actifs publics dans les prochaines semaines!

Par Moktar Lamari *

Les rumeurs vont bon train, et les bulletins de veille économique édités cette fin de semaine à Londres, Paris et New York ne sont pas rassurants, certains bruitent la présence de transactions monétaires et ententes financières anormales.

A se demander si la Tunisie n’a pas déclaré sa cessation de paiement pour certains créanciers du Club de Paris, lors de la rencontre organisée en urgence, la semaine dernière, entre la cheffe du gouvernement Najla Bouden et Emmanuel Moulin, président du Club de Paris.

De quel droit, la cheffe du gouvernement rencontre-t-elle et en tête-à-tête le président du Club de Paris? Où est la ministre des Finances? Où est le ministre de l’Économie?

Un pays monnayable dans l’omerta la plus totale

Mme Bouden, une géologue de formation, sans aucune compétente économique prouvée, sans aucun mandat électoral légitime, sans aucune explication préalable, négocie en catimini, opère en électron libre sans aucune reddition de comptes et en dehors de tous les mécanismes de l’imputabilité!

Oui, c’est une femme et on doit la respecter comme telle, mais pas à titre de cheffe de gouvernement qui hypothèque l’avenir de nos enfants et petits-enfants, par plus de dettes toxiques, par des ententes et accords suspicieux, douteux et certainement pas dans l’intérêt du citoyen lambda.

Rencontrer le président du Club de Paris, le sulfureux M. Moulin, sans témoin, sans la présence de la ministre des Finances, c’est un mauvais signe et c’est néfaste pour le capital confiance qu’on doit réhabiliter entre pouvoir exécutif et citoyen lambda.

Mme Bouden discute des clauses de la restructuration de la dette tunisienne, rien pour rien! C’est la démocratie de l’ère Kaïs Saïed! Une Tunisie monnayable! Dans l’omerta!

Un pays techniquement en faillite

Le tout se passe à quelques jours des élections législatives (qui se tiennent aujourd’hui, dimanche 29 janvier 2023, dans l’indifférence presque totale des électeurs, Ndlr), l’avant veille de la dégradation de la note de Tunisie à Caa2, par Moody’s, une notation qui déclare la Tunisie techniquement en faillite.

Quelles sont les sociétés publiques qu’on a promis de privatiser au profit des intérêts français? Tunisair, la STB, la BH, la Sonede…?

Quels sont les avantages fiscaux et privilèges promis pour les investisseurs français?

Quelles sont les compromissions qu’elle a consenties, sur les fronts politique, diplomatique, éducatif… ? Avec ou sans l’accord de son excellence, l’honorable Kaïs Saïed, retranché dans son palais de Carthage, et qui boycotte les médias, et qui n’a de mots que pour accuser avec violence et agressivité des spéculateurs imaginaires, que la justice finit souvent par  innocenter… n’osant même les accuser.

Tout cela se monnaye, et tout cela a prix économique qui est somme nulle: les perdants sont les Tunisiens du peuple, les gagnants sont ceux qui sont au sommet de l’Etat, et les intérêts français, accessoirement européens liés.

Nous avons besoin de clarifications, de transparence! Nous savons que l’opacité et l’omerta ne feront qu’empirer la paupérisation et l’effondrement économique, avec chute du pouvoir d’achat, du dinar et avec effritement des espoirs de nos compatriotes, jeunes et moins jeunes

Blog de l’auteur : Economics for Tunisia, E4T.   

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.