La Tunisie ne pourra pas fuir les sacrifices nécessaires

Les appels à faire basculer la Tunisie vers le camp russo-chinois sont empreints de naïveté et d’ignorance des contraintes et des réalités internationales. Ils ne sont en fait que de faux alibis pour un manque tragique de vision et une manière de se bercer d’illusions et de fuir ses responsabilités.

Par Elyes Kasri *

Il faudra bien se rendre à l’évidence que la mentalité et les pratiques budgétaires en cours en Tunisie depuis 2011, ont été essentiellement une fuite en avant. Les manœuvres dilatoires qui ne trompent plus grand monde d’évitement des mesures requises pour la mise en place d’un nouveau modèle de gouvernance et de développement, ont atteint économiquement le point des rendements décroissants (point of diminishing returns) et, politiquement et diplomatiquement, le bout de l’impasse et peut être même le bord du gouffre.

Naïveté et ignorance

L’endettement intérieur et extérieur, prend de plus en plus l’allure de sollicitations plus ou moins honorables frisant la mendicité avec des tentations de mise sous la tutelle de puissances étrangères ou de chantage stratégique.

Les appels empreints de naïveté et d’ignorance des contraintes et des réalités internationales, à faire basculer la Tunisie vers le camp russo-chinois, ne sont en fait que de faux alibis pour un manque tragique de vision, de courage et de capacité de parvenir à un consensus susceptible de mobiliser suffisamment de forces vives pour affronter les sacrifices nécessaires et bâtir un modèle économique et de société inclusif, porteur d’espoir et d’opportunités pour tous les segments de la population tunisienne, surtout les jeunes et les laissés-pour-compte, régionalement et économiquement.

Un cas alarmant

La pratique maladive de la stigmatisation et de l’exclusion en cours depuis 2011, doit céder la place au discours de la vérité et à la culture du travail et de l’abnégation pour bâtir un avenir prospère et inclusif et faire de cette phase de l’histoire de la Tunisie un épisode positif pour les générations à venir et non pas une période noire comme il est communément convenu de qualifier la décennie écoulée.

Alors que de nombreux pays frères et amis, considèrent avec consternation la Tunisie comme un cas alarmant, il nous revient de leur montrer que le peuple tunisien sait tirer les enseignements de son expérience et se ressaisir pour adopter les correctifs nécessaires et se frayer le chemin du progrès et de l’invulnérabilité.

* Ancien ambassadeur.

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