Les Tunisiens mangeront du blé américain cette année

La Tunisie a besoin d’importer cette année plus de la moitié de ses besoins en blé. Et ce ne sont pas la Russie, la Chine ou les autres pays membres des Brics qui ont volé à son secours pour l’aider à faire face aux pressions sur la sécurité alimentaire de ses populations. Mais les Etats-Unis… Ah, ces Américains, on n’a pas cessé d’avoir besoin d’eux!

Par Imed Bahri

«Un navire transportant 25 000 tonnes de blé dur américain est arrivé en Tunisie pour aider le pays à faire face aux ruptures d’approvisionnement causées par la guerre en Ukraine», a fait savoir, vendredi 21 avril 2023, jour de l’Aid Al-Fitr, l’ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, Joey Hood, dans une vidéo retransmise par l’ambassade américaine sur sa page officielle Facebook, sans mentionner la date d’arrivée de cette livraison.

Le diplomate américain a souligné que l’arrivée de ce navire intervient à un moment où les pays du monde font face à des augmentations des prix des produits alimentaires et des défis relatifs à la sécurité alimentaire, aggravés par la guerre en Ukraine.

La souveraineté est d’abord alimentaire

«Les États-Unis, à travers l’USAID, l’agence américaine pour le développement international, et la Banque mondiale se sont associés à l’Office tunisien des céréales pour atténuer le manque accusé en matière d’importations de blé, et ce dans l’objectif de garantir l’accès à cet ingrédient essentiel, aux ménages tunisiens, en particulier pour les familles qui en ont le plus besoin à l’occasion de l’Aïd Al-Fitr», a ajouté Joey Hood, qu’on ne peut tout de même pas accuser d’ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie, pays souverain, certes, mais qui a encore beaucoup de mal à garantir sa souveraineté alimentaire.

«L’USAID et la Banque mondiale, en partenariat avec l’Office des céréales, s’attaquent aux problèmes de sécurité alimentaire en Tunisie dans le contexte de la guerre en cours en Ukraine. Pour marquer cet Aïd, nous finançons des importations vitales de blé pour garantir sa disponibilité aux ménages tunisiens», a, de son côté, annoncé l’USAID sur sa page officielle Facebook, sans ironie aucune, sachant qu’en Tunisie, les enjeux liés aux céréales sont considérables compte tenu de leur poids dans l’alimentation de la population, dans la production agricole et agroalimentaire et dans l’ensemble de l’économie, d’une façon générale.

Joey Hood (capture d’écran).

Les deux peuples amis

Le pays n’est pas autosuffisant en produits céréaliers et importe plus de 50% de ses besoins céréaliers, en fonction des niveaux de ses récoltes. Or, la sécheresse que connait le pays depuis quelques années, les crises et les conflits à l’échelle internationale ont exacerbé les pressions sur ce secteur vital, alors que les finances publiques tunisiennes sont dans un piteux état et que l’Etat peine à convaincre les bailleurs de fonds internationaux de ses capacités à rembourser ses dettes qui s’accumulent et approchent du seuil critique des 100% de son PIB.

Réagissant à la vidéo de l’ambassadeur Hood, quelques heures après sa diffusion, le ministère des Affaires étrangères a exprimé ses remerciements aux autorités américaines pour leur initiative, affirmant qu’elle «reflète les relations amicales entre les deux peuples amis et traduit la solidarité et la coordination fructueuses entre la Tunisie et les États-Unis pour relever les défis et les crises internationales telles que celle alimentaire».

Bref, les Tunisiens mangeront cette année du blé issu de l’aide américaine, comme ce fut le cas au lendemain de l’indépendance de leur pays, en 1956. Comme quoi, on n’arrête pas le progrès !

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