Le SNJT dénonce des menaces à la liberté de la presse en Tunisie

Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) estime que la liberté de la presse en Tunisie connaît un «virage dangereux», et une régression à tous les niveaux.

Dans son rapport sur la «Réalité de la liberté de la presse en Tunisie», publié le 3 mai 2023 à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le syndicat note que les poursuites judiciaires contre les journalistes, les législations hostiles à la liberté de la presse et les politiques marquant l’état d’exception sont à l’origine de cette régression.

Le syndicat a tiré la sonnette d’alarme sur ce qu’il a décrit comme «des menaces à la liberté d’expression et à la presse», réalisation majeure de la Révolution tunisienne.

Retour aux peines de prison dans les procès d’opinion

Dans le même contexte, le SNJT mentionne dans son rapport que la période précédente a été marquée par une série de procès d’opinion sur la base du décret-loi n° 54 relatif à la lutte contre la criminalité liée aux systèmes d’information et de communication. Il a souligné que ces poursuites visaient en grande partie des journalistes sur instruction directe du pouvoir exécutif, estimant que le danger réside dans le retour aux peines de prison dans les procès d’opinion.

Le SNJT a recommandé aux autorités exécutives, législatives et judiciaires de «renforcer la liberté d’expression et la liberté de la presse et de cesser de poursuivre les journalistes sur la base du décret-loi n° 54», appelant à mettre fin aux accusations d’atteinte à la sécurité de l’État et de terrorisme en dehors du cadre juridique régissant la liberté du travail journalistique.

Dans son rapport annuel, le syndicat a appelé la présidence de la république à retirer le décret-loi n° 2022-54 de septembre 13, 2022, «d’autant plus qu’il constitue une menace pour la liberté de la presse et d’expression». Il l’appelle également «à assumer pleinement sa responsabilité et à intervenir d’urgence pour mettre fin à cette attaque orchestrée et barbare contre les journalistes et les médias», considérant que la reconstruction d’une Tunisie nouvelle ne peut être atteint sans des médias professionnels et une société civile libre et indépendante.

Des «milices électroniques» proches du président Saïed

Selon le SNJT, il existe aujourd’hui des milices électroniques qui constituent une menace réelle pour la liberté de la presse, d’opinion et d’expression, ajoutant qu’«un nombre important de pages suspectes se réclament du projet du président de la république».

Le SNJT a également appelé au renforcement de la liberté d’expression et de la presse à travers des initiatives législatives élaborées dans le cadre d’une approche participative et pour soutenir les efforts de la société civile.

Pour le syndicat, il est nécessaire de ne pas voter pendant la période transitoire de circulaires susceptibles de porter atteinte aux droits et libertés ou de réduire les acquis.

Le rapport du syndicat dénonce également les attaques commises en toute impunité contre des journalistes lors de leur couverture des manifestations. Ainsi que le retour du harcèlement et des pratiques policières contre les journalistes en activité. Le syndicat a également dénoncé les «campagnes de diffamation, d’intimidation et de menaces de mort» auxquelles sont confrontés les journalistes, accusant des «milices électroniques» appartenant à des formations politiques proches du chef de l’Etat d’être à l’origine de ces campagnes.

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