Tunisie : un budget (surréaliste) de l’Etat

Le gouvernement Najla Bouden croit-il vraiment pouvoir préparer le projet de budget de l’Etat pour le prochain exercice alors qu’il ne sait même pas encore comment boucler celui en cours ? Il tourne en rond et s’occupe comme il peut.

Par Imed Bahri

Les projets de budgets de l’État et de budgets de performance pour l’exercice 2024 doivent être  soumis au ministère des Finances au plus tard le 15 juin 2023.

C’est ce qu’indique le Premier ministère, dans une circulaire relative à la préparation du projet de budget de l’Etat 2024 adressée vendredi 26 mai aux ministres, secrétaires d’Etat, chefs de structures, gouverneurs et chefs de programmes, ajoutant que ces délais permettront aux administrateurs du budget d’entamer les séances de discussion budgétaire.

Accélérer le rythme des réformes économiques

Le Premier ministère a souligné que ces projets devraient être alignés sur les priorités de la vision stratégique du gouvernement. Il s’agit notamment d’atteindre une croissance économique globale durable, d’améliorer le climat des affaires et d’accélérer le rythme des réformes économiques afin de contribuer à la maîtrise du déficit budgétaire et de mettre en œuvre les réformes fiscales nécessaires.

La Kasbah a ajouté que les budgets devraient aussi favoriser l’amélioration de la gouvernance du secteur public, l’adoption d’un modèle de développement orienté vers l’économie verte, le développement de la résilience de l’économie face aux crises et la mise en place de mesures pour stimuler l’économie bleue.

Autres recommandations du Premier ministère aux parties chargées de l’élaboration du projet de budget de l’État pour 2024 : limiter les promotions annuelles à 20% à l’exception de certains corps (non précisés par le communiqué), rationaliser l’octroi des primes d’heures supplémentaires et limiter les dépenses de subventions en fonction des progrès réalisés dans le nouveau système adopté à cet effet, sont.

Maîtriser les salaires et encourager la sortie à la retraite

Dans la même circulaire, des recommandations sont adressées aux entreprises publiques, aux comptes, fonds privés et missions privés. Elles concernent les dépenses de salaires, de gestion, d’interventions, d’investissement et de subventions.

Le gouvernement estime que la masse salariale au cours de la dernière décennie aura atteint 22 milliards de dinars à l’horizon 2023, contre 6,7 milliards de dinars en 2010, d’où la nécessité de rationaliser les augmentations salariales et de les maîtriser et de les restreindre aux secteurs prioritaires, et de poursuivre la réduction progressive du nombre de diplômés des écoles de formation, notamment pour les ministères de la Défense, de l’Intérieur et de la Justice.

Le gouvernement demande aux responsables de l’élaboration du budget 2024 de continuer à travailler sur le programme spécifique de préretraite et de ne pas remplacer les postes vacants.

S’agissant des dépenses de subventions, le Premier ministère a souligné que la révision des mécanismes de subvention et de compensation, tout en consacrant 8,3% du produit intérieur brut (PIB) aux subventions en 2023, permettra de dégager en 2024 des ressources financières pouvant être canalisées vers un l’investissement public, sachant que l’État continue d’accorder des subventions aux catégories défavorisées, en plus de mettre en œuvre des mesures de développement au profit des acteurs économiques.

Des plans sur la comète

Quand on sait que le budget de l’année en cours n’est même pas encore bouclé et que l’Etat ne sait pas encore comment y parvenir, faute de ressources suffisantes, intérieures et extérieures, ces recommandations prennent, à nos yeux, un caractère carrément surréaliste. Des sortes de plans sur la comète pour occuper une administration pléthorique et qui regarde les trains passer.

Le budget de l’Etat pour l’exercice en cours a inscrit dans ses prévisions, entre autres, la finalisation de l’accord de prêt avec le FMI d’un montant de 1,9 milliard de dinars. Or, nous sommes presque en juin et on ne sait pas encore si cet accord va être signé un jour et quand la première tranche va-t-elle pouvoir être décaissée. On n’a pas non plus prévu de plan de remplacement et on continue de naviguer dans le flou total.

Aussi, non seulement, on a eu de la peine à sourire en lisant le communiqué du gouvernement, mais on a carrément eu envie de pleurer. Mais, enfin, on se paye la tête de qui ??   

I. B. (avec Tap).

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