Les potins du cardiologue : être prudent en écho-doppler vasculaire

Dans un rapport de radiologue, une erreur est toujours possible, même dans un examen censé être aussi sûr que le scanner ou l’IRM. Aussi les signes cliniques, et le raisonnement  du clinicien, doivent-ils toujours garder toute leur importance.

Par Dr Mounir Hanablia

La mesure de la tension artérielle droite et gauche ne paraît pas être une pratique systématique dans l’exercice quotidien du corps médical. Pourtant elle seule peut détecter les asymétries tensionnelles, dont la recherche de l’étiologie est toujours impérative.

Une asymétrie tensionnelle est une différence de plus de 20 mm de Hg dans la prise tensionnelle bilatérale. C’est l’indice faisant rechercher l’existence d’un obstacle à la circulation du sang dans le membre dont la pression est la plus faible. Cette différence de pression peut être considérable, jusqu’à 80 mm de Hg, quand l’obstruction est serrée. Depuis la pratique de l’écho doppler vasculaire, la confirmation en est devenue beaucoup plus aisée.

S’adresser à des compétences reconnues

Théoriquement, la mesure des flux sanguins permet désormais de détecter les sténoses artérielles incriminées, qui siègent souvent dans les artères sous clavières. La grande hypothèque de l’écho-doppler artériel est d’être un examen manipulateur dépendant. Autrement dit il doit être exécuté par un praticien compétent capable de détecter l’origine des artères en se situant dans leur axe, et de suivre leur parcours dans les boucles. En général c’est parmi les angiologues qu’il faut le rechercher, et il faut d’autant plus le souligner que la majorité des radiologues pratiquent également la technique.

C’est dire combien il est important  de s’adresser pour cet examen à des compétences véritablement reconnues afin d’éviter toute ambiguïté.

Récemment un patient souffrant de ce mal mystérieux appelé Behçet et se plaignant de vertiges présentait une tension artérielle à 180/100 à droite et 120/80 à gauche. Il avait été hospitalisé il y a quelques années mais personne n’avait jugé utile de traiter son hypertension. Les écho-doppler pratiqués n’avaient apparemment rien révélé et on avait placé son asymétrie tensionnelle sur le compte de la fatalité. L’examen le plus récent pratiqué par un radiologue du voisinage n’avait non plus rien conclu.

L’avis du clinicien garde toute son importance

Invité à aller se faire pratiquer un nouvel examen cette fois chez un angiologue, et incapable de faire la part des choses, le patient s’était fait explorer par un autre praticien qui, radiologue, l’avait convaincu d’être compétent en écho-doppler, et qui pas plus que ses prédécesseurs n’avait fait le diagnostic qui s’imposait. De guerre lasse il a été adressé pour un angioscanner cérébral, et c’est cet examen pratiqué par un radiologue reconnu qui a mis en évidence un sténose très serrée de l’origine de l’artère sous clavière gauche. Faut il dilater et stenter cette artère?

Théoriquement oui. Mais dans le contexte du Behçet, il faut être prudent car rien ne prouve qu’il ne s’agisse pas d’une fibrose inflammatoire et que l’angioplastie n’entraîne pas une rupture ou une occlusion de l’artère. Par mesure de prudence, il semble plus sage d’envisager l’option chirurgicale du pontage.

La conclusion de tout cela, c’est que le rapport du radiologue n’a pas toujours valeur de Coran. L’erreur est possible, même dans un examen censé être aussi sûr que le scanner ou l’IRM, et beaucoup plus souvent qu’on ne le pense. La valeur des signes cliniques, et du raisonnement  du clinicien, doivent toujours garder toute leur importance.  

* Médecin de libre pratique.

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