Tunisie : un mirage appelé Giorgia Meloni

Dans nos relations avec l’Occident en général et l’Europe en particulier, il serait utile de ne pas perdre de vue le rôle central et incontournable des Etats-Unis d’Amérique et de la France.

Par Elyes Kasri *

L’Italie à laquelle certains innocents (dans le sens de l’ignorance doublée d’une naïveté effarante) prêtent la capacité de faire plier les Américains, les Français et les institutions financières internationales au refus de la Tunisie d’entreprendre des réformes visant en fait au rétablissement de ses équilibres budgétaires pour en refaire un emprunteur solvable, est un acteur moyen à influence réduite en vertu des limites de son poids économique, militaire et politique.

Les vœux pieux du gouvernement Meloni

Ce poids supposé ayant été érodé davantage par l’élection d’un gouvernement d’extrême droite populiste, souverainiste et aux relents soupçonnés d’europhobie et pire encore de russophilie car certaines figures importantes proches de Meloni cachent à peine leur sympathie personnelle pour le président Poutine.

La polémique sans précédent dans l’histoire moderne entre les élus politiques italiens et français au sujet des relations passées et actuelles de l’Europe avec l’Afrique font que les vœux pieux du gouvernement Meloni ne semblent bénéficier que d’un soutien du bout des lèvres de ses partenaires européens avec en même temps les vœux secrets et ardents d’échec et de défaite politique à la première occasion venue pour éviter d’en faire un argument de campagne par les autres partis européens d’extrême droite lors des prochaines échéances électorales.

Même la conférence internationale sur la migration que Giorgia Meloni aurait promis d’organiser à la demande du président tunisien semble vouée à l’échec tant par un manque de vision et de moyens que par calcul politique car de nombreux pays européens ne voudraient pas laisser les tenants de l’idéologie d’extrême droite en Europe et sur la rive sud de la Méditerranée dicter la voie à suivre sur ce sujet brûlant qui est appelé à prendre une ampleur grandissante pour de nombreuses considérations politiques, économiques, climatiques et sécuritaires.

Eviter de s’accrocher aux mirages

Après l’absence de retombées tangibles pour la Tunisie de la présidence de la Ligue arabe et des sommets de la Ticad et de la Francophonie, qu’elle a abrité, il faudra éviter de s’accrocher au mirage d’une énième conférence internationale sur la migration qui ne sera aucunement en mesure de remplacer les efforts et les sacrifices que la Tunisie ne cesse de reporter aux calendes grecques par frilosité sociopolitique et en raison de la prédominance des faux-fuyants du statu quo qui gangrènent sournoisement et impitoyablement le corps politique et économique de la Tunisie au mépris de la stabilité à long terme du pays, de sa souveraineté et du sort des générations futures.

* Ancien ambassadeur.

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