La Tunisie et l’extrême-droite européenne

Se condamner à un tête-à-tête avec l’extrême-droite européenne peut offrir quelques menus avantages à court terme, mais finira par s’avérer exorbitant et insupportable pour la Tunisie.

Par Elyes Kasri *

Les dirigeants politiques n’assument pas la responsabilité des faits et actes de leurs parents ou aïeuls, mais on ne peut passer l’éponge sur les leurs au prétexte qu’ils sont supposés être aujourd’hui nos «amis».  

Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien, assume depuis sa jeunesse son héritage mussolino-fasciste et reconnaît encore aujourd’hui à Mussolini d’avoir «beaucoup accompli», sans toutefois, acceptabilité internationale oblige, l’exonérer de ses «erreurs» notamment les lois antijuives et l’entrée en guerre. Suffisamment pour être reconnue par Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, comme «le visage rationnel du populisme de droite».

Les populistes de droite  

Pour sa part, Ursula von der Leyen, la présidente du Conseil Européen, n’est autre que l’arrière petite fille du général allemand Carl Olbrecht Oberg, chef supérieur des unités SS et de la police en France de 1942 a 1944, considéré par de nombreux historiens comme responsable de la déportation et de l’assassinat de 80.000 personnes, principalement de confession juive.

Ursula von der Leyen a connu quelques incidents de parcours notamment des soupçons de plagiat de sa thèse de doctorat en médecine (université de Hanovre) mais surtout des accusations de dilapidation des deniers publics et la découverte de cellules néo-nazies au sein de l’armée allemande lorsqu’elle était ministre fédérale de la défense, ce qui a amené à l’époque la chancelière Angela Merkel à la caser à Bruxelles.

Outre les interrogations graves suscitées par ses relations avec la compagnie pharmaceutique Pfizer en pleine pandémie Corona-19, Von der Leyen s’est illustrée récemment en déclarant que l’établissement de l’Etat d’Israël était l’accomplissement d’un rêve avec une litanie de contrevérités de la pure mythologie sioniste ignorant totalement l’existence historique et les droits du peuple palestinien. Tout cela alors qu’Israël est dirigé par la coalition la plus extrémiste de sa courte histoire. Cela en plus d’être un faucon antirusse dans le conflit russo-ukrainien, ce qui fait penser à certains observateurs qu’elle lorgnerait le poste de secrétaire général de l’Otan en remplacement du norvégien Jens Stoltenberg.

Dis-moi qui tu fréquentes…

Ces personnages ne sont pas la meilleure compagnie pour bâtir l’avenir d’une Tunisie, reconnue historiquement comme une terre de rencontres et un carrefour de civilisations.

Il est grand temps de rétablir les ponts avec les partis centristes, de gauche et les verts européens qui ont une vision plus humaniste de la migration et ce en dépit de leur sensibilité démocratique à laquelle il serait judicieux d’être plus attentif.

Se condamner à un tête-à-tête avec l’extrême-droite européenne peut offrir quelques menus avantages à court terme, mais finira par s’avérer exorbitant et insupportable pour la Tunisie.

Je me garderais de le dire, mais certains pourraient penser: dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es.

* Ancien ambassadeur.

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