La messe est dite : la Tunisie n’est pas un garde-frontière de l’Europe !

Deux ministres européens en charge de la sécurité seront lundi matin à Tunis pour sermonner la Tunisie et lui demander de bloquer les flux migratoires en partance de ses côtes vers l’Europe, via l’Italie. Pourquoi et comment expliquer le déplacement du Français Gérald Darmanin et de l’Allemande Nancy Faeser à Tunis ?

Par Pr Nejib Ben Ayed

À cette question, Ridha Kefi avance dans un article analytique que «la visite des deux ministres de l’Intérieur français et allemand (…) servirait à clarifier la position de la Tunisie au sujet de ce projet d’accord (UE-Tunisie) et la disposition de Kaïs Saïed et son exécutif à le ratifier et à le mettre en œuvre. Car des doutes commencent à s’exprimer à ce sujet, alimentés par un Kaïs Saïed qui souffle le chaud et le froid».

Sans contredire totalement Ridha Kefi, il importe de nuancer.

En effet, l’explication la plus probable est que les négociations entre le président tunisien et la délégation européenne, à Carthage, dimanche le 11 juin, se sont limitées aux intentions et aux salamalecs protocolaires. Dans une ambiance bon enfant!

La poudre de perlimpinpin

N’ayant pas réussi à arracher un accord séance tenante, la partie européenne avait essayé de forcer la main de leur hôte en annonçant durant une conférence de presse, mystérieusement boudée par la partie tunisienne, qu’un projet d’accord sur l’immigration est sur la table et qu’on avance tous azimuts puisque le Conseil européen des le 29 et 30 juin statuera sur le prêt de 900 millions d’euro. Cela s’appelle de la poudre de perlimpinpin.

A priori, les Européens prennent leurs souhaits pour de l’argent comptant.

Il est vrai qu’une Tunisie aux prises avec d’énormes difficultés économiques et financières, représente le ventre mou de la rive sud de la Méditerranée, le pauvre petit soldat prêt à se mettre au garde à vous !

La réponse du berger à la bergère est venue du président Kaïs Saïed durant la semaine écoulée. D’abord il déclara que la Tunisie n’est pas et ne sera jamais le garde-frontière de l’Europe.

Et pour ceux, de l’autre rive, qui se bouchent les oreilles pour ne pas entendre, il revint à la charge en affirmant que la Tunisie ne sera jamais une terre d’accueil pour des immigrés expulsés d’Europe.

Fin de non recevoir

Pour ceux qui marcheront sur les pas de ceux qui les ont précédés d’une semaine, la tâche est multiple et rude:

1- prendre acte de l’échec manifeste du trio européen qui les a précédés d’une semaine. Question pour Giorgia Meloni de se rappeler au bon souvenir de Gérald Darmanin. Ces deux là n’ont jamais cessé de se lancer des piques par médias interposés;

2- tenter d’exercer des pressions sur la partie tunisienne pour qu’elle accepte de jouer le jeu européen. Il s’agit de la mise en œuvre du récent accord européen sur le renvoi des immigrés irréguliers à l’expéditeur.

Il y a fort à parier qu’à l’instar de leurs collègues de la semaine dernière, les deux ministres de l’Intérieur européens essuieront un échec cuisant.

Face à un Kaïs Saïed, un homme ferme qui n’a jamais eu froid aux yeux en face aux Américains, les rapports de force classiques et traditionnels semblent dérisoires.

Source: Economics for Tunisia. E4T.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.