Le poème du dimanche : ‘‘La détresse’’ de Charles Juliet

Charles Juliet est poète, romancier, critique d’art et dramaturge français. Son œuvre, importante, a des accents largement autobiographiques.

Né en 1934, Juliet a eu une enfance malheureuse, où sa mère était internée dans un asile psychiatrique et mourut de faim sous l’occupation allemande. Ce qu’il relate dans un Journal, commencé, dès 1957 et qui rassemble aujourd’hui, dix volumes, dont L’Année de l’éveil (1989) qui lui a valu une notoriété et un grand accueil auprès du public.

Sa poésie tire sa force d’une parole silencieuse et douloureuse, où l’être est au centre de l’écriture.

Quelques titres de poésie : Pour plus de lumière, Poésie/Gallimard, 2020; L’opulence de la nuit, P.O.L, 2006;  A voix basse, P.O. L, 1997; Bribes pour un double, Arfuyen, 1992.      

Tahar Bekri

J’évoque la détresse

des démunis des égarés

des paumés de toutes

origines

de ceux qui n’ont

jamais pressenti

l’existence du chemin

ou qui l’ont emprunté

pour un temps

et s’en sont éloignés

de ceux qui n’ont

jamais connu

la félicité

du retour

ceux en qui l’œil

n’a jamais pu

énoncer la loi

les démunis les damnés

ceux qui jamais

ne connaîtront

les sentiers

de l’origine

L’œil se scrute, Fata Morgana, 1976.

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