La diplomatie maghrébine à l’épreuve de la migration clandestine

La gestion de la migration illégale commence à provoquer des remous dans les relations intermaghrébines et les concertations officielles à ce sujet cachent mal les irritations et les récriminations exprimées de part et d’autre, aucun des pays n’ayant une politique claire à ce sujet, et vaquant au plus urgent, en laissant parfois les populations faire le ménage sur le terrain, avec les graves abus que l’on sait.

Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens de l’étranger, Nabil Ammar, a eu vendredi 7 juillet 2023 un entretien téléphonique avec son homologue libyenne, Najla El-Mangoush, au cours duquel ils ont notamment évoqué la migration irrégulière et les moyens de lutter contre ce phénomène transfrontalier.

Selon le ministère des Affaires étrangères, cette rencontre s’inscrit dans la tradition des consultations en cours entre les hauts responsables des deux pays frères sur les questions régionales et internationales les plus importantes d’intérêt commun, dont celle de la migration irrégulière et les moyens de la combattre dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale, «d’autant plus qu’elle est considérée comme un phénomène transfrontalier qui touche à la fois les pays du Nord et les pays du Sud», souligne le communiqué.

Dans ce contexte, et évoquant la présence d’un certain nombre de migrants subsahariens aux frontières tuniso-libyennes, les deux ministres ont réitéré leur détermination à lutter contre le phénomène de la migration irrégulière dans le plein respect des lois en vigueur dans les deux pays et conformément aux lois et normes internationales. Ils ont insisté sur la nécessité de respecter la dimension humaine, soulignant que «ces migrants sont avant tout victimes des réseaux du crime organisé et de la traite des êtres humains», selon la même source.

Reste qu’entre les déclarations officielles et la réalité des faits sur le terrain, il y a un écart que les organisations de défense des droits de l’homme n’ont cessé de dénoncer, les migrants subsahariens étant soumis à la répression, y compris de la part des autorités des deux pays, qui n’ont pas de politique claire concernant la migration et agissent souvent au gré de l’humeur populaire, comme cela s’est une nouvelle fois vérifié au début de cette semaine à Sfax, où une partie de la population s’est chargée de faire la chasse aux migrants devant le regard passifs des forces de sécurité.  

Pour ce qui est du «respect de la dimension humaine», dont parlent les officiels tunisiens, il va falloir repasser.

Sur un autre plan, force est de constater que l’Algérie, l’un des pays par où transitent le plus grand nombre de migrants subsahariens, est étrangement maintenue à l’écart des concertations régionales à ce sujet (allez comprendre pourquoi !). Avant cet entretien téléphonique Ammar – Mangoush, il y a eu un autre, le 4 juillet, entre le président de la république Kaïs Saïed et le chef du gouvernement d’unité nationale libyen, Abdelhamid Dbeibah, qui a porté sur le phénomène de la migration irrégulière et l’impératif de conjuguer les efforts en vue d’y trouver des solutions urgentes, selon un communiqué de la présidence tunisienne.

«Il reste à se demander si le président Saïed va s’entretenir également à ce sujet avec le président algérien Abdelmadjid Tebboune, sachant que l’essentiel des migrants illégaux viennent de l’Algérie voisine, ainsi qu’avec ses autres homologues africains concernés par la migration clandestine», nous sommes-nous alors demandé sur ces mêmes colonnes. La question reste posée…   

I. B.

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