Crise du secteur céréalier en Tunisie : grande crise, petites mesures  

Le secteur céréalier en Tunisie traverse une grave crise et au lieu de communiquer sur les solutions envisagées pour y faire face au cours des mois et des années à venir, l’Etat préfèrent communiquer sur les mesurettes qu’il a déjà prises pour voler au secours de quelques agriculteurs. Trop peu et pas rassurant du tout…    

Les quantités de céréales collectées au cours de la campagne 2023 ont baissé de 60% par rapport à 2022, soit 2,7 millions de quintaux contre 7,5 millions de quintaux enregistrés l’an dernier.

C’est ce qu’a indiqué vendredi 21 juillet 2023 Saloua Ben Hadid Zouari, directrice du développement et de la qualité à l’Office des céréales.

S’exprimant lors de la conférence de presse tenue par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, la responsable a indiqué que cette baisse était due à la sécheresse enregistrée lors des principales phases de production céréalière, qui a eu un impact sur les volumes de production, ajoutant que les précipitations enregistrées au début du mois de juin 2023 ont également eu un impact négatif sur la qualité des céréales.

Au cours de la campagne 2023, 2 596 227 quintaux de blé dur ont été récoltés, contre 62 060 quintaux de blé tendre et 4 600 quintaux d’orge. Les plus fortes quantités de céréales collectées ont été enregistrées dans les gouvernorats de Bizerte (35%), suivi de Béja (25%), Kairouan (14%) et Jendouba (11,5%). En revanche, ces quantités sont en baisse dans les gouvernorats de Siliana, Kef et Zaghouan.

Les principales mesures exceptionnelles prises pour la campagne agricole 2023-2024 concernent la fourniture de 700 000 quintaux de semences aux agriculteurs pour la campagne 2023-2024, et la constitution d’un stock stratégique de 500 000 quintaux de blé dur pour répondre aux besoins en semences de la campagne 2024-2025.

L’objectif est également d’augmenter les prix des céréales au moment à la production, en augmentant la prime d’incitation à court terme de 10 dinars pour tous les types de céréales, dont l’impact financier est de 3 millions de dinars (MDT), ainsi que l’augmentation des primes et des marges pour les collecteurs, dont l’impact financier est de 4,2 MDT.

Il a été de même décidé de réviser le barème de classement en faveur des producteurs de céréales en ignorant la plupart des éléments liés à la qualité retenus dans le barème actuel au moment de l’achat. Cette mesure sera adoptée exceptionnellement pour cette saison, a ajouté le responsable, soulignant que l’impact financier de cette mesure est de 9MDT.

En outre, l’indemnisation des dommages et le rééchelonnement des dettes, ainsi que la prise en charge par l’Etat de 3 points du taux d’intérêt, lors du financement de la campagne de grandes cultures 2022-2023, soit des crédits de campagne de 89,138 MDT répartis entre 82,813 MDT de la Banque nationale agricole (BNA) et 6,325 MDT de la Banque tunisienne de solidarité (BTS).

En fait, la conférence de presse était consacrée à montrer ce que l’Etat fait pour le secteur céréalier, qui est en crise, mais rien n’a été dit sur les scénarios envisagés pour trouver les 90 à 95% qui manquent pour combler les besoins de consommation de blé au cours des 12 prochains mois, alors que les prix du blé sur le marché international continuent de flamber en raison de guerre russo-ukrainienne. C’est à se demander  si ces messieurs dames du ministère de l’Agriculture et de l’Office des céréales, qui monopolise l’achat et la distribution des céréales, savent ce qu’ils vont faire pour faire face aux grosses pénuries qui s’annoncent…   

I. B. (avec Tap)

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