A propos des ambitions touristiques de l’Algérie

Longtemps adossée aux hydrocarbures dont elle est un important exportateur, l’Algérie cherche à diversifier son économie en développant différentes activités industrielles et de services. Elle lorgne aussi le tourisme. Elle en a la volonté et l’ambition. Elle devra s’en donner aussi les moyens, surtout humains.

Par Habib Glenza

Le ministre algérien du Tourisme et de l’Artisanat, Mokhtar Didouche, a déclaré, le 27 septembre dernier, à l’occasion de la Journée mondiale du tourisme, que l’Algérie ambitionne à devenir un acteur du tourisme mondial.

L’Algérie a les moyens financiers pour créer les structures et les infrastructures indispensables pour développer ce secteur, drainer les touristes et renforcer l’activité des destinations locales, a indiqué M. Didouche. 

Les chiffres cités à cette occasion confirment cette dynamique. En effet, la capacité d’hébergement du pays a atteint les 1590 établissements touristiques offrant 146.000 lits. De plus, les projets en cours de réalisation peuvent assurer 90.000 lits supplémentaires.

Des ambitions légitimes

M. Didouche a insisté sur la nécessité de développer un tourisme respectueux de l’environnement, en rappelant que l’année en cours est mise sous le thème : «Tourisme et investissement vert». La Journée mondiale du tourisme a, par ailleurs, été marquée par l’ouverture du Salon international du tourisme et des voyages (Sitev) qui se veut un rendez-vous important réunissant les principaux acteurs et opérateurs du secteur en Algérie et à l’étranger 

Au-delà des ambitions exprimées, qui sont du reste très légitimes, le tourisme algérien est-il en mesure de s’imposer dans le bassin méditerranéen?

Avec ses importantes recettes des hydrocarbures,  qui ont atteint 60 milliards de dollars en 2022, contre 35,4 milliards de dollars en 2021, selon les données provisoires inscrites au bilan annuel rendu public par Sonatrach, l’Algérie a les moyens pour engager des investissements susceptibles de lui permettre d’atteindre son ambitieux objectif sinon en quelques années du moins en une décennie.

Pour peu qu’elle s’en donne aussi les moyens humains, car le tourisme est d’abord un savoir-faire et un sens de l’accueil qui ne se décrètent pas, l’Algérie est capable de dynamiser son tourisme et de l’ériger en levier économique à condition de miser sur le haut de gamme et la qualité de service. D’autant que le pays ne manque pas d’attractions. Il dispose d’un long chapelet de plages de sable fin, de zones montagneuses à la nature luxuriante et de grandes étendues désertiques qui ont toujours fasciné les voyageurs. Ces richesses ont cependant besoin d’être valorisées, montrées et mises en avant pour devenir des pôles d’attraction touristique.

Des synergies régionales

Des centaines de milliers d’Algériens viennent chaque année en Tunisie pour passer leurs vacances , d’autres partent vers d’autres destinations méditerranéennes, notamment la Turquie. Une partie de cette clientèle pourrait rester dans le pays, si tant est que l’on réussit à lui offrir des produits assez attractifs.

Dans ce contexte, la Tunisie, qui dispose d’un savoir-faire certain dans ce domaine qu’elle a su développer depuis les années 1960, pourrait jouer un rôle dans la formation du personnel algérien qui sera appelé à gérer les établissements hôteliers et touristiques dans le pays voisin.

Les affinités entre les deux peuples et leur proximité humaine, culturelle et historique pourraient jouer un rôle important à cet égard.

Le développement de synergies entre les professionnels dans les deux pays pourrait aussi y contribuer, notamment par le développement de circuits frontaliers, aussi bien dans le nord que dans le sud, avec des produits différents et complémentaires.

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