Tunisie : diplomatie du clash, diplomatie du crash!

Pour avoir renoncé à ses engagements dans le cadre du mémorandum d’entente sur la lutte contre la migration signé en juillet dernier avec l’Union européenne (UE), la Tunisie est censée rembourser les 60 millions d’euros déjà reçus dans le cadre de cet accord, estime Bruxelles, qui ne veut plus continuer à tergiverser sur les montants accordés à la Tunisie dans le cadre de cet accord.

Par Najib Ben Ayed *

Entre la Tunisie et l’UE, et au sujet de l’entente sur la migration, rien ne va plus. Et on pratique désormais la diplomatie du clash! Et il n’est pas dit qu’elle soit à la portée de tout le monde. Eh oui!, pour péter plus haut que son cul, il faut en avoir les moyens!

Nous avons assisté récemment à une grande scène de la diplomatie du clash. L’acteur était le Maroc et le protagoniste fut l’ex-puissance coloniale. Embourbé dans un séisme de force 7 sur l’échelle de Richter, le Maroc se permettait le luxe de sélectionner les aides et de jeter l’anathème sur d’autres. Comble de l’humiliation! Le pays frère semble bénéficier d’un alignement des astres. Il faut dire que l’hiver arabe n’est pas passé par là.

Un ventre affamé n’a pas d’oreilles

Nos frères Marocains ont semble-t-il les moyens (économiques et financiers) de leurs choix.

Sommes-nous dans les mêmes draps? Rien n’est moins sûr ! Et c’est bien là le nœud du problème.

Jadis et naguère, le politique dominait. Au 21e siècle, c’est l’économique qui prévaut. Qu’on le veuille ou non!

On peut toujours monter sur ses gongs et chanter la mélodie souverainiste. Ce qui compte au final c’est le grain à moudre. Et un ventre affamé n’a pas d’oreilles! Chaque époque a ses priorités.

S’agissant d’un petit pays comme le nôtre, son salut réside, à mon humble avis, non pas dans les attitudes véhémentes mais plutôt dans les approches conciliantes et réalistes.

Rappelez-vous : quand des leaders arabes juraient de jeter les juifs dans la mer, le Père de notre indépendance (Habib Bourguiba, NDLR) leur exhibait la carte joker de la légalité internationale : le droit des faibles contre la loi du plus fort.

Compte tenu de nos moyens, la politique des étapes et des angles arrondis était l’unique voie pour le développement et la prospérité. D’autres nations plus démunies que la nôtre ayant emprunté cette voie ont pu accéder au développement et à l’excellence. La preuve est donc déjà faite.

Quand on choisit d’infantiliser ses concitoyens

Plus près de nous, ceux qui avaient choisi l’affrontement et le conflit systématique se sont retrouvés dans les méandres tragiques de l’Histoire.

Que le fameux mémorandum d’entente signé entre l’UE et la Tunisie est à présent sur la sellette, il ne faut pas s’en offusquer. Quand on se remémore l’agitation, la précipitation et surtout l’«omerta» qui avaient présidé à son élaboration et sa conclusion, il ne pouvait pas avoir un meilleur destin.

Ayant été tenu à l’écart de sa naissance alors qu’il hypothéquait notre avenir et celui de nos enfants, nous ne serons pas affectés outre mesure par sa disparition.

Précisons tout de même que dans cette entreprise, chacun jouait sa propre partition. L’extrême-droite européenne, sous grosse pression de son électorat, était avide de résultats sur l’immigration. La partie tunisienne, en froid avec le FMI, cherchait la panacée!

Mais quand on choisit d’infantiliser ses concitoyens, on est généralement rétribué cash.

* Economiste.

Source : Economics for Tunisia, E4T.

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