L’opération «Toufan Al-Aqsa» ravive la fibre antisioniste en Tunisie  

En Tunisie, il y a comme un accord tacite entre le pouvoir, l’opposition et une écrasante majorité du peuple tunisien sur le soutien inconditionnel à la cause palestinienne. Et cet accord s’est exprimé encore une fois samedi 7 octobre 2023, à la suite de l’opération armée «Toufan Al-Aqsa» (Déluge Al-Aqsa) lancée par les troupes du Hamas palestinien contre les colonies israéliennes limitrophes. (Les drapeaux tunisiens et palestiniens ont toujours flotté ensemble à Tunis comme à Ramallah).

Par Imed Bahri

Qu’il est loin le temps où le drapeau d’Israël flottait au fronton du bureau de liaison de l’Etat hébreu à Tunis ! C’était dans le sillage de la conférence de paix de Madrid de 1991, lorsque la Tunisie et Israël ont établi des relations diplomatiques de bas niveau qui ont abouti à l’ouverture, en 1996, d’une «section d’intérêt» dans les deux pays.

Cependant, en 2000, suite au déclenchement de la deuxième Intifada, la Tunisie a rompu ses relations avec Israël et les sections d’intérêt ont été fermées. Elles n’ont plus rouvert depuis, et il y a peu de chance qu’elles rouvrent demain la veille, la cause palestinienne étant redevenue, entretemps, celle de tous les Tunisiens : le pouvoir et l’opposition rivalisant de zèle antisioniste pour plaire à un électorat dont la fibre nationaliste arabe et antisioniste est devenue très sensible.

Aux côtés du peuple palestinien

Hier, divers partis politiques se sont réunis à Tunis pour exprimer leur soutien à la résistance palestinienne ainsi que leur solidarité avec le peuple de Palestine dans le contexte de l’assaut de l’armée israélienne sur la bande de Gaza, en réaction à l’opération militaire du Hamas.

Ils ont exhorté les militants de la société civile, les citoyens et le gouvernement tunisiens, les pays arabes ainsi que la communauté internationale à se tenir aux côtés du peuple palestinien dans sa lutte pour parvenir à la paix et recouvrer ses droits légitimes.

Un grand nombre d’étudiants et de militants de la société civile se sont rassemblés, près du Théâtre municipal de Tunis, pour dénoncer les agressions des forces d’occupation israéliennes contre les Palestiniens dans la bande de Gaza.

Les manifestants ont salué l’opération armée «Toufan al-Aqsa» menée par la résistance palestinienne dans les régions occupées limitrophes de la bande de Gaza. Et scandé des slogans contre l’agression israélienne, appelant les autorités tunisiennes à criminaliser la normalisation avec l’entité sioniste.

La rencontre a été organisée par l’Instance nationale d’appui à la résistance arabe, de lutte contre la normalisation et le sionisme et le Réseau tunisien de lutte contre la normalisation.

Quelques heures auparavant, la Tunisie officielle avait exprimé elle aussi son «soutien total et inconditionnel au peuple palestinien», rappelant que ce que certains médias appellent «la bande de Gaza» est une terre palestinienne sous occupation sioniste depuis des décennies.

Le droit de résistance légitime

«Le peuple palestinien a le droit de le réclamer et de regagner toute la terre de Palestine et d’y établir son État indépendant avec Al-Qods Al-Sharif, la première Qibla et le troisième sanctuaire sacré comme sa capitale», a souligné la Présidence de la République dans un communiqué, en appelant «toutes les consciences vivantes du monde à se tenir aux côtés du peuple palestinien et à se souvenir des massacres perpétrés par l’ennemi sioniste contre le peuple arabe de Palestine et contre la nation tout entière.»

Le monde entier ne doit pas oublier les massacres perpétrés par l’ennemi à Al-Dawayima, Balad Al-Sheikh, Deir Yassin, Kafr Qasim, Khan Yunis, la mosquée Al-Aqsa, la mosquée Ibrahimi et d’autres, ainsi que contre les centaines de milliers de Palestiniens qui ont été chassés de leurs foyers et dépouillés de leurs terres. «Il devrait également reconnaître le droit de résistance légitime contre l’occupation et ne pas considérer cette résistance comme une agression ou une escalade», a indiqué le Palais de Carthage dans le même communiqué.

La Tunisie a également appelé la communauté internationale à assumer sa responsabilité historique de mettre fin à l’occupation brutale de toute la Palestine et d’empêcher les forces d’occupation sionistes de continuer à violer les droits du peuple palestinien au mépris total de toutes les doctrines religieuses et les valeurs humaines.

Cette position officielle tunisienne, franchement anti-israélienne, tranche avec celles de plusieurs autres pays arabes, qui avaient noué des relations diplomatiques avec Israël ou sont en train de le faire, et qui ont soutenu du bout des lèvres les Palestiniens, tout en dénonçant la violence d’où qu’elle vienne et en appelant à la paix. Elle tranche aussi avec la pondération et l’équilibre qui ont toujours caractérisé la diplomatie tunisienne, sous Bourguiba et Ben Ali, mais qui, depuis 2011, ne recule devant aucun excès, au risque de susciter des interrogations et des réserves chez les partenaires historiques de notre pays, à savoir les pays occidentaux dont le soutien à Israël est, lui aussi, «total et inconditionnel». Cela aura sans doute un prix, espérons qu’il ne sera pas très élevé pour notre pays qui s’enfonce chaque jour un peu plus dans la crise!

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