Pourquoi la cause palestinienne n’avance-t-elle pas ?

Tant que les défenseurs de la cause palestinienne développeront un argumentaire religieux et arabo-identitaire dans l’espoir d’obtenir gain de cause, leur cause n’avancera pas d’un iota car ils demeureront dans le déni le plus total et en état de puérilité politique. (Illustration : Créer un Etat pour les Palestiniens ou libérer la mosquée Al-Aqsa ?)

Par Mohamed Sadok Lejri *

Nos médias n’ont toujours pas compris qu’il faut faire preuve de pragmatisme, et cela, en faisant comprendre à ceux qui lancent de «vibrants plaidoyers» en faveur de la cause palestinienne que l’on ne vainc pas Israël en faisant de l’affaire palestinienne une question profondément identitaire et en refusant de prononcer le mot «Israël» (un déni pathologique qui signe une rupture totale avec la réalité). L’on ne vainc pas Israël en boycottant quelques produits ou en refusant de serrer la main à ses sportifs, ni en l’insultant à tout bout de champ ou en le menaçant d’extermination d’une manière grotesque.

C’est que le meilleur moyen de dénaturer la lutte palestinienne et de produire la désaffection du reste du monde, c’est de la charger d’une forte teneur identitaire. En arabisant et en islamisant la cause palestinienne, on lui a fait perdre sa valeur universelle. Les Arabes et les Palestiniens ne combattent plus pour la Palestine, mais pour Al-Aqsa et l’islam. Ils ne combattent plus l’occupant sioniste, mais le «mécréant juif». Ils ne combattent plus pour récupérer la terre occupée, mais pour rendre l’islam à la oumma.

Surdité de la communauté internationale

Tant que les défenseurs de la cause palestinienne se définiront seulement à l’aune de leur arabité et de leur islamité et tant qu’ils assigneront une portion congrue aux idéaux qui font quasiment l’unanimité parmi le genre humain, tels que l’indépendance, la justice, l’humanisme, la dignité et la liberté, ils se sentiront toujours isolés et souffriront d’un manque de soutien de la part de ce que l’on appelle aujourd’hui la communauté internationale.

Par exemple, l’envahissement des lieux saints et des lieux de culte musulmans laisse de marbre les non-musulmans, d’autant plus que les musulmans ne respectent que leur religion et ne sont tolérants qu’avec les leurs. Les autres croyances et philosophies sont au pire interdites et persécutées, au mieux condamnées à raser les murs. Il suffit de s’intéresser un peu à la condition des Chrétiens d’Orient – l’on pourrait en dire autant, sinon plus, des non croyants – pout s’en rendre compte; on connaît leur condition.

En effet, ces derniers n’ont jamais été considérés comme des citoyens à part entière dans les pays majoritairement musulmans et subissent au quotidien une ségrégation qui ne dit pas son nom. Sans parler des attentats dont ils sont régulièrement victimes (les Coptes en Egypte) et des massacres de grande ampleur qui, à chaque guerre au Proche-Orient, les poussent à quitter leurs pays d’origine (Irak, Syrie, etc.) et à émigrer en Occident. Donc, la susceptibilité des Arabo-musulmans leur en touche une sans faire bouger l’autre. Et il ne faut pas s’en étonner.

La puérilité de l’argument identitaire

Les quelques soutiens qu’obtiennent les Arabes de la part de certains dirigeants occidentaux et non-arabes s’expliquent d’abord par des raisons géostratégiques évidentes et sont motivés par des raisons économiques.

Il faut comprendre que non seulement la parole des sionistes pèse d’un grand poids dans tous les milieux influents et sur les destinées des pays occidentaux, mais en plus la compassion à l’endroit des Juifs revêt là-bas le caractère d’un dogme religieux.

Par conséquent, tant que les Arabes parleront d’«entité sioniste» et des Juifs en termes méprisants et violents, tant que les défenseurs de la cause palestinienne développeront un argumentaire religieux et arabo-identitaire dans l’espoir d’obtenir gain de cause, leur cause n’avancera pas d’un iota car ils demeureront dans le déni le plus total et en état de puérilité politique.

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