Pas de paix au Proche-Orient sans un Etat palestinien indépendant et viable

Jamais Israël ne pourra être en sécurité tant qu’elle continue de bafouer les droits les plus élémentaires des Palestiniens et notamment celui d’avoir un Etat indépendant mondialement reconnu dans les frontières de 1967 avec comme capitale Jérusalem-Est.

Par Wassim Chatty *

Une image qui fend le cœur! Celle d’un jeune garçon regardant sa mère sans vie sur un brancard après les bombardements intensifs à Gaza.

Croyant mener un acte de résistance, le Hamas a certes commis un acte terroriste en massacrant des centaines de civils innocents. Car rien ne justifie que l’on prenne la vie d’innocents, quelles que soient leurs race, religion ou culture.

Il ne faut cependant pas oublier que les Palestiniens n’ont jamais cessé de souffrir depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Ils ont vu la communauté juive s’accroître jour après jour sur la terre de leurs ancêtres jusqu’à atteindre le tiers de la population palestinienne. La première injustice vécue a été le plan de partage inégal voté aux Nations Unis, donnant plus de 55% des territoires au tiers de la population de confession juive et le reste aux deux-tiers de confessions musulmane et chrétienne. Ils n’ont depuis cessé de subir répression et injustice avec les guerres successives perdues et la colonisation de plus en plus de terres. Même les accords d’Oslo, au milieu des années 1990, censés ouvrir la voie vers une paix durable n’ont pas été respectés par Israël, qui refusait – et refuse toujours – qu’on lui délimite son territoire. C’est la théorie de l’espace vital développée par les Nazis aux dépens des juifs qui est adoptée et mise en œuvre par ces derniers aux dépens des Palestiniens.  

Chronique d’un génocide annoncé

Il ne faut pas oublier que les habitants de la Palestine et surtout ceux de Gaza vivent depuis plusieurs décennies dans une prison à ciel ouvert, avec quelques heures d’accès à l’eau et l’électricité par jour. Ils dépendent principalement du bon vouloir de leurs occupants, et des miettes d’aides humanitaires. Plus de la moitié de la population est jeune et se retrouvent sans réel avenir. De quoi les désespérer définitivement d’une humanité sourde et aveugle à leurs souffrances !  

Cette situation n’est pas viable et ce viol des droits humains les plus élémentaires ne peut perdurer sans provoquer, en retour, des actes extrémistes. Que voulez-vous qu’une jeunesse vivant dans une prison à ciel ouvert, sans espoir et sans perspective, sans pays reconnu, fasse pour seulement exister ? Elle ne peut que se rebeller que ce soit par les paroles ou par les armes. Et cette révolte, aussi violente soit-elle, est au final un acte de résistance. C’est ce que les pays occidentaux, qui sont pourtant passés par-là à certains moments de leur histoire, se refusent à admettre en soutenant aveuglément la machine de guerre israélienne.    

L’exemple de la France sous l’occupation allemande est édifiant à cet égard. Les Français, battus par l’armée allemande et leur pays occupé, ont formé des groupes de résistance et commis des actes de sabotage et des tueries considérés par leurs occupants nazis comme des actes terroristes. Leur objectif n’était pas de seulement tuer pour terroriser, mais de libérer leur pays et recouvrer la liberté. Quatre-vingt ans plus tard, c’est le même objectif poursuivi par les combattants palestiniens.

Le sentiment d’injustice ressenti par les Palestinien ne peut que s’accroître. Car bombarder plus de deux millions de gazaouis et les priver d’eau, d’électricité et de soins de santé, en les sommant de se déplacer du Nord vers le Sud et en bombardant ceux d’entre eux qui prennent la route, ne peuvent être que des crimes de guerre passibles de la Cour pénale internationale. Et tout cela sous le regard complice des Occidentaux, qui par leur silence, cautionnent ces agissements et ne font rien pour arrêter un génocide annoncé au prétexte de la «légitime défense». Or, à ce stade du conflit, la légitime défense a été plus que dépassée. On assiste à un massacre de masse d’enfants, de femmes, de personnes âgées, qui ne demandent que de vivre dignement.

La solution de deux Etats indépendants vivant côte à côte  

Jamais l’entité sioniste ne pourra être en sécurité tant qu’il continue de bafouer les droits les plus élémentaires des Palestiniens et notamment celui d’avoir un Etat indépendant mondialement reconnu dans les frontières de 1967 avec comme capitale Jérusalem-Est. Tant qu’un peuple est opprimé sur sa propre terre, jamais l’autre peuple qui occupe la même terre ne pourra vivre paix. Il vivra toujours dans la peur et l’instabilité.

La solution du conflit est la solution à deux Etats qui vivent côte à côte pacifiquement, qui se respectent mutuellement, avec pour capitale Jérusalem-Ouest pour Israël et Jérusalem-Est pour la Palestine. Cette solution ne va pas être du goût des extrémistes israéliens mais aussi des extrémistes palestiniens, et d’une bonne partie des opinions arabes. Mais soyons réalistes et raisonnables, il est très peu probable que les Palestiniens puissent un jour récupérer toute la Palestine. Car Israël est un pays développé avec une des armées les plus puissantes de la région, un pays qui est soutenu par les Etats-Unis et l’Union européenne. D’un autre côté, jamais Israël ne pourra conquérir tous les territoires palestiniens et ses citoyens ne pourront jamais vivre en sécurité, les Palestiniens étant acculés à se battre n’ayant plus rien à perdre.

Il faut que les dirigeants des deux peuples se mettent autour de la table de négociations, acceptent de faire des concessions réciproques et cela afin d’obtenir une solution à deux Etats indépendants côte à côte. Bien entendu, Israël qui se sent en position de domination, n’acceptera  jamais de négocier. Il devra y être poussé par des actes de résistance palestinienne, et par des pressions diplomatiques arabes et internationales.

Mais pour l’heure, l’urgence est de mettre la pression sur l’entité sioniste pour qu’elle arrête ce massacre qui a déjà fait assez de morts comme ça!

* Médecin, résident en chirurgie traumatologie.

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