Kaïs Saïed dénonce la «punition collective» et le «déplacement forcé» des Palestiniens

En recevant, vendredi 20 octobre 2023, au Palais de Carthage, le vice-président du Conseil des ministres et ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Antonio Tajani, le président Kaïs Saïed a déclaré que les crimes et les atrocités perpétrés aujourd’hui en Palestine relèvent de la «punition collective» et du «déplacement forcé» des populations, dénonçant un monde occidental qui fait «la sourde oreille» face à aux atrocités israéliennes.

Le président de la république a aussi rappelé que le droit du peuple palestinien à recouvrer ses territoires est «reconnu par le droit international» et que tous les peuples «se réservent le plein droit à disposer d’eux-mêmes».

Comment l’humanité peut-elle tolérer que des enfants innocents soient tués et massacrés au vu et au su du monde entier?, s’est interrogé Saïed. Comment pouvons-nous accepter que plus de deux millions de personnes soient privées d’eau, d’électricité, de médicaments et des produits de première nécessité ?, s’est-il aussi indigné. Comment pouvons-nous tolérer que les Palestiniens soient forcés à quitter leurs foyers et soient déplacés d’un coin à l’autre à l’intérieur de leur territoire et que des tentes soient dressées pour eux, comme c’est le cas à Khan Younès et pourtant, ils sont pris pour cible par les raids israéliens ?, a-t-il encore dénoncé.   

Le président Saïed a également vilipendé la regrettable réaction de certains pays marquée par «une duplicité criarde». Ces Etats, qu’il n’a pas cités, avaient par le passé largement contribué à l’élaboration du droit humanitaire mais qui lors de l’agression israélienne contre Gaza se sont empressés à réprimer et à interdire toute manifestation anti-agression israélienne et se sont opposés frontalement à l’idée de «couloirs sûrs» pour acheminer l’aide humanitaire à la population de Gaza.

Le chef de l’Etat a rappelé, à la délégation italienne, la «loi fondamentale» tant controversée de la Knesset israélien adoptée le 19 juillet 2018 faisant de la Palestine «un foyer national pour les Juifs», estimant que depuis sa création en 1948, l’Etat hébreu était fermement hostile à l’idée d’un Etat doté d’une quelconque forme de système. Et d’expliquer que le motif étant que les rabbins ultraconservateurs de l’époque s’opposaient à l’idée de «frontières» et que leurs croyances et convictions sont plutôt fondées sur les enseignements tirés de la tradition talmudique.

Avez-vous déjà entendu quelqu’un parler de la «République» d’Israël ?, s’est-il encore interrogé. Et de conclure que ce qui se passe dans les territoires palestiniens est «un déshonneur» pour l’humanité tout entière, pressant la communauté internationale à agir au plus vite pour mettre fin à cette «tragédie» mortifère qu’endure le peuple palestinien depuis près d’un siècle.

Tajani : œuvrer pour que le conflit ne s’aggrave pas

«J’ai dit au président Saïed et au ministre tunisien des Affaires étrangères que l’Italie continue d’œuvrer pour garantir que le conflit ne s’aggrave pas», a déclaré de spn côté Antonio Tajani après son entretien avec Saïed. Et d’ajouter : «J’ai fait part de la position de l’Italie, nous demandons la libération des otages et nous espérons et travaillons pour que le terminal de Rafah puisse être ouvert et que des vivres et des médicaments puissent arriver pour le peuple palestinien à Gaza et que notre peuple puisse quitter la bande de Gaza… des concitoyens qui, dans certains cas, ont la double nationalité italienne et palestinienne».

«Notre appel à tous est toujours de respecter les droits de l’homme, de respecter le droit international et de maintenir la population civile, des deux côtés, à l’écart de toute initiative militaire», a souligné Tajani.

«Au cours des réunions d’aujourd’hui, nous avons également parlé de la situation internationale, nous voulons tous travailler pour la paix. J’ai écouté avec une grande attention toutes les observations et idées du président Saïed et du ministre des Affaires étrangères sur la question palestinienne. Nous voulons continuer à écouter et discuter avec les pays arabes parce qu’ensemble nous pouvons atteindre l’objectif de la paix, qui pour nous, Italiens, ne peut être atteint qu’en donnant au peuple palestinien une perspective qui est celle d’avoir son propre Etat», a poursuivi le ministre italien. «Notre idée est de continuer à travailler pour garantir que deux peuples puissent vivre dans deux Etats qui reconnaissent mutuellement le droit d’Israël à exister et celui du peuple palestinien à avoir un Etat», a-t-il ajouté.

I. B. (avec agences).

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