Quel sort pour les Palestiniens après la guerre d’Israël contre Gaza ?

L’opération ‘‘Déluge d »Al-Aqsa’’ s’est soldée par d’énormes pertes en vies humaines, notamment du côté palestinien, et il est temps de bien réfléchir aux moyens de parvenir à un cessez-le-feu définitif dans les plus brefs délais. Autrement, les conséquences pourraient en être encore plus terribles, et pas seulement pour les Palestiniens qui ont déjà beaucoup payé.

Par Kilani Bennasr *

A la fin de la deuxième guerre mondiale, les États-Unis d’Amérique, acteur principal dans ce conflit, ont procédé avec l’aide de la Grande-Bretagne et d’autres États, à une évaluation de la guerre, tenant compte des atrocités vécues entre 1939 et 1945, afin de se prémunir contre ce fléau au futur.

Parmi les décisions prises après la victoire sur l’Allemagne nazi et les pays de l’Axe, c’était la création du Traité de l’Atlantique Nord, l’Otan, le 4 avril 1949, et le  projet d’un territoire au peuple juif pour le fixer en Palestine et au même temps le protéger.

Cette idée, qui semblait purement humanitaire, n’était en fait qu’un programme stratégique et diabolique de l’Otan, destiné à implanter un État, ami de l’Occident, dans la région la plus riche au monde en hydrocarbures et la mieux desservie en canaux, mers, routes maritimes et terrestres.

En 1948, le nombre de juifs en Palestine ne dépassait pas les 5 % de la population palestinienne, aujourd’hui les Israéliens sont devenus plus nombreux et plus riches, représentant 80 % de la population totale.

Les Palestiniens tués pour un oui ou pour un non 

Depuis l’implantation d’Israël au Moyen-Orient, la guerre et les conflits se répètent périodiquement, tandis que les Palestiniens sont provoqués sans répit, maltraités et tués par les colons israéliens, pour un oui ou pour un non !  

Après le déclenchement de l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, Israël n’a pas arrêté de larguer des tonnes et des tonnes de bombes sur la population civile de Gaza, les victimes dépasseraient les 40 000 civils entre tués et blessés, sans compter au moins 2000 morts écrasés sous les décombres.

Aujourd’hui, après 7 semaines de combat à Gaza, nous disposons d’éléments proches de la réalité; ce qui aidera à mieux comprendre cette guerre, à quoi va-t-elle aboutir? Quelles sont les vraies intentions des belligérants et les perspectives d’apaisement ou de guerre totale?

 À priori, le flou règne encore sur cette guerre où le Qatar se réclame comme médiateur entre Palestiniens, Israéliens et les Etats-Unis. Ce petit pays arabe, ami de l’Otan, fournit des aides aux Palestiniens par le biais d’Israël et héberge les chefs de Hamas dans sa capitale Doha. 

Selon des informations lues dans un magazine des Émirats, plusieurs familles dans le monde se sont portées volontaires pour accueillir chez eux des Palestiniens de Gaza, dans le cadre d’un programme de déplacement et de migration des Gazaouis !

Conflit Israël-Hamas et implication des Etats-Unis 

Après la Seconde guerre mondiale, les États-Unis ne faisaient qu’attiser les conflits dans le monde, menacer et agresser les États émergents.

Après l’attaque Russe menée contre l’Ukraine, le 24 février 2022, le président des États-Unis Joe Biden, a tout de suite accusé l’armée russe de commettre un génocide dans ce pays. Après le déclenchement de la guerre d’Israël contre Gaza, c’est le même président américain qui soutient les bombardements israéliens contre la population civiles palestiniennes à Gaza.

Simultanément, il décide d’envoyer au Moyen-Orient son Secrétaire d’Etat Antony Blinken et des militaires de hauts rangs, en vue de fournir de l’aide à Israël et suivre la situation de près.

Ensuite, le gouvernement américain prend en charge tous les besoins d’Israël, dont le déblocage d’aide supplémentaire urgente, sans compter les 3,8 milliards de dollars que reçoit annuellement l’État hébreu, et l’envoi à Israël de cargaisons militaires, qui étaient au début destinées à l’Ukraine.

Une puissance navale américaine composée principalement de deux porte-avions, de grandes unités navales et un sous-marin nucléaire a également été dépêchée en Méditerranée occidentale.

Aujourd’hui, le monde entier s’inquiète du sort des civils palestiniens à Gaza, bombardés, quotidiennement, avec une sauvagerie jamais vue dans l’histoire des guerres.

Analyse juridique des 7 semaines de conflit

Ce qu’Israël est en train de commettre est un véritable génocide et c’est bel et bien le terme juridique adéquat qui témoigne de l’horreur perpétrée à Gaza.

Il est maintenant clair que l’armée israélienne agit dans le seul but d’exterminer physiquement la population de Gaza, d’une manière préméditée; cette attaque est dirigée principalement contre les femmes et les enfants dans le but de réduire la natalité et le nombre de futurs combattants en Palestine.

En Cisjordanie, la police israélienne tue tous les jours des civils palestiniens, ceux qui sont interpellés, sont torturés et à la fin certains sont gardés en détention, les autres sont relâchés, parfois dénudés de leurs vêtements !

Le 13 octobre, l’ambassadeur de la Palestine à l’Onu, Riyad Mansour, a dénoncé les crimes d’Israël et fait appel au monde pour empêcher l’État hébreu de perpétrer un crime contre l’humanité dans les territoires palestiniens.

Le 18 octobre, des centaines de manifestants hollandais se sont rassemblés devant le siège de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye (Pays-Bas), exigeant la prise de mesures immédiates pour arrêter le génocide en cours contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. 

En Belgique, des appels ont été lancés pour que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, soit traduit en justice devant le CPI. Peter Mertens, secrétaire général du Parti du travail de Belgique (PTB) et député fédéral, a vivement condamné les actions d’Israël et insisté sur la nécessité de poursuivre Netanyahou pour crimes de guerre. Et pour cause…

Israël n’a respecté aucune des quatre conventions de Genève. Notamment les deux premières, appelant au respect et à la protection des malades, des blessés et naufragés en mer en temps de guerre, ainsi que le personnel médical, les ambulances et les hôpitaux de la partie adverse.

Quant à l’interdiction des attaques sans discrimination, où le combattant doit faire la différence entre les objectifs civils et militaires; les militaires israéliens n’y pensent même pas.

Israël ne respecte pas non plus le principe de la proportionnalité. Il est en effet interdit de tirer un obus de char contre un soldat ennemi armé d’un pistolet. On a même vu dans une récente vidéo partagée sur les réseaux sociaux un char israélien tirer un obus sur une voiture conduite par un civil palestiniens à Gaza.  

Israël ne respecte pas l’obligation de limiter au minimum les effets d’une attaque sur la population civile. Il fait exactement le contraire.

Le risque d’embrasement de la guerre au Moyen-Orient est peu probable, car ce conflit a surpris tous les pays de la région qui n’y étaient pas préparés. Et les seuls à subir la rage d’Israël, ce sont les Palestiniens.

Évaluation de l’opération “Déluge d’Al-Aqsa”

Cette opération à l’avantage de montrer au monde entier que la libération de la Palestine est toujours dans le cœur des nouvelles générations palestiniennes et arabes.

L’attaque du 7 octobre fût et restera un cauchemar pour les dirigeants israéliens et américains; elle a démontré que les Palestiniens sont de vrais patriotes capables de surprendre l’État hébreu et à lui causer, à chaque fois, plus de pertes.    

Malheureusement l’opération ‘‘Déluge de Al Aqsa’’ s’est soldée par d’énormes pertes en vies humaines et il est temps de bien réfléchir aux moyens de parvenir à un cessez-le-feu définitif dans les plus brefs délais. Autrement, les conséquences pourraient en être encore plus terribles, et pas seulement pour les Palestiniens qui ont déjà beaucoup payé.

* Spécialiste en droit international des conflits armés.

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