L’économie tunisienne gangrenée par le commerce informel

Alors que tous les experts économiques soulignent la nécessité de venir à bout du secteur informel pour aider à relancer l’économie en berne, et ce depuis plusieurs années, l’Etat tunisien ne semble pas pressé de faire des pas en ce sens. A moins que ce soit là un aveu d’impuissance.

Par Imed Bahri

Mais combien représente ce secteur dans l’économie nationale. Il y a plusieurs estimations et chaque expert y va de la sienne. On a parlé de 50% voire de 60% produit Intérieur brut (PIB) national. Mais il n’y a jamais eu d’estimation officielle. Et voilà que le président du Haut comité de contrôle administratif et financier (HCCAF), Imed Hazgui, y va lui aussi du sien.

S’exprimant hier, vendredi 8 décembre 2023, lors d’un panel intitulé «Les coûts de formalité et l’organisation des marchés», ce dernier a indiqué, vendredi, que le secteur informel représente aujourd’hui 40% du PIB, ajoutant que la moitié de la main d’œuvre tunisienne opérant dans le privé, travaille dans le secteur parallèle, ce qui constitue un important manque à gagner pour les caisses de sécurité sociale, qui sont toutes déficitaires. Ce qui a fait dire à Hazgui que l’emploi informel a de lourdes répercussions sur l’économie nationale.

La bureaucratie sous toutes ses formes représente aujourd’hui l’une des principales causes dissuadant certains Tunisiens à travailler dans le secteur formel, a ajouté le responsable, qui a appelé à alléger les procédures administratives et à raccourcir les délais, en misant sur la digitalisation dans le secteur public, mettant l’accent sur l’importance de l’ouverture du marché et de la lutte contre l’économie de rente, le dada du régime en place depuis la proclamation de l’état d’exception, le 25 juillet 2021, soit dit en passant.

Hazgui a, également, jugé indispensable de faciliter l’accès des jeunes entrepreneurs au financement et de promouvoir l’initiative privée tout en luttant contre la contrebande et la corruption, autres maux de l’économie nationale contre lesquels le régime semble également désarmé, malgré toutes les déclarations d’intention.

Il est impératif de soutenir les catégories démunies, dont la plupart exerce aujourd’hui dans le secteur informel et d’améliorer leur inclusion digitale, a aussi déclaré Imed Hazgui, en soulignant l’importance de développer le cadre législatif et institutionnel et de revoir l’organisation de l’administration et les systèmes administratif et de gestion afin de lutter contre l’emploi dans le secteur informel et les formes de bureaucratie.

En mettant la 37e édition des Journées de l’Entreprise qu’il organise du 7 au 9 décembre courant, à Sousse, sur le thème : «L’entreprise et l’informalité : inégalités et solutions en suspens», l’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) a appuyé là où cela fait le plus mal, aussi bien aux opérateurs économiques qu’aux responsables de l’Etat et aux contribuables qui subissent, au final, les conséquences de cette situation que tout le monde déplore, sans que personne ne soit réellement en mesure d’agir pour la changer. D’où ce sous-titre assassin et désespérant choisi par les responsables de l’IACE: «Inégalités et solutions en suspens». Traduire : un mal bien diagnostiqué, mais pas de remède à l’horizon. Jusqu’à quand ?

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