Henri Kissinger serait-il impliqué dans un complot contre la Tunisie ?

Les affaires de complot contre l’Etat en Tunisie se suivent et se ressemblent, plus surréalistes les unes que les autres. La dernière en date, la 13e du nombre (excusez du peu!), impliquerait l’ancien secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger, décédé le 29 novembre dernier à l’âge de 100 ans.

Dans son intervention aujourd’hui, vendredi 19 janvier 2024, dans la matinale de IFM, L’Emission impossible, l’avocat Samir Dilou a confirmé ce qui a filtré de cette affaire hier soir sur les réseaux sociaux, suscitant des commentaires exprimant la surprise, l’étonnement et la moquerie.

Selon lui, l’affaire est partie d’une dénonciation émanant d’un prisonnier selon laquelle ce dernier aurait entendu un autre prisonnier, en l’occurrence l’homme d’affaires et ancien député et ministre Mehdi Ben Gharbia, dire que Henry Kissinger aurait donné une grosse somme d’argent à l’ancien Premier ministre Youssef Chahed afin qu’il la donne à son tour à Néjib Chebbi, président du Front du salut national (FSN), pour financer une campagne visant à faire échouer les dernières élections locales, lesquelles, rappelons-le, ont été marquées par un très faible taux de participation : moins de 12%.

Toujours selon Me Dilou, le dénonciateur en question, homme d’affaires de son état, a démenti, lors de son audition par la brigade antiterroriste, avoir fait les «révélations» qu’on lui attribue : il a démenti avoir entendu la discussion d’où est partie l’affaire et, encore moins, de l’avoir rapportée.

L’«affaire», si affaire il y a, a quelque chose de vraiment risible, car on voit mal un homme de 100 ans, qui est sur le point de rendre le dernier souffle, se donner pour ultime mission de… comploter contre un pays comme le nôtre.

On voit mal aussi comment Nejib Chebbi accepterait de l’argent en provenance d’une source étrangère pour financer une campagne nationale visant à faire échouer des élections dont peu de Tunisiens saisissaient l’utilité ou l’urgence, et qui étaient d’emblée vouées à l’échec.

On voit mal également comment Mehdi Ben Gharbia, du fond de sa cellule dans une prison de Sousse, puisse avoir vent d’un tel «projet de complot» et qu’il commette la légèreté d’en parler à un autre prisonnier.

D’ailleurs, le chroniqueur Nejib Dziri, qui n’a jamais fait mystère de son soutien inconditionnel au projet politique du président Kaïs Saïed, et qui a toujours défendu l’authenticité des accusations portées contre les opposants politiques dans les précédentes affaires de complot contre l’Etat, a eu du mal à donner crédit à cette dernière affaire. Il a affirmé qu’à travers de pareilles affaires très mal montées, le président est personnellement visé. Traduire : on cherche à lui faire porter le chapeau des aberrations commises par certains enquêteurs.

Quoi qu’il en soit, les autorités tunisiennes, judiciaires et politiques, sont appelées à réagir promptement pour clarifier cette affaire qui risque d’entacher l’image extérieure du pays et ses relations internationales.    

I. B.

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