Tunisie – BCT : Abassi passe la patate chaude à Nouri

Marouane Abassi a déclaré que, sous son mandat (2018-2024), la Banque centrale de Tunisie (BCT) a su surmonter les différents défis auxquels elle a dû faire face dans un contexte assez mouvementé et a réussi à préserver la résilience économique de la Tunisie. Ce n’est pas totalement faux, même si le terme résilience appliqué à la situation générale de notre pays pourrait sembler exagéré à certains analystes.

Par Imed Bahri

Le gouverneur sortant, qui parlait lors de la cérémonie de passation du pouvoir avec son successeur, Fathi Zouhaier Nouri, vendredi 16 février 2024, a cherché à valoriser son passage à la tête de l’Institut d’émission, qui était souvent critiqué par les experts économiques et financiers qui lui reprochaient d’avoir sacrifié la monnaie nationale, le dinar, et l’investissement, créateur de richesses et vecteur de croissance, sur l’autel d’une très improbable lutte contre l’inflation, laquelle avait atteint, sous son mandat, 10%.

M. Abassi peut justifier son bilan plutôt mitigé par la crise économique sur les plans national et international, aggravée par la pandémie de Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne, sans parler de la sécheresse ayant sévi dans le pays aux cours des quatre dernières années.

Il y a de forte chance pour que son successeur, économiste universitaire spécialisé dans les questions énergétiques, poursuive sur la même voie, en recourant autant que faire se peut à la planche à billets, mais n’anticipons pas, même si la situation reste aussi difficile qu’elle l’a été au cours des six dernières années, si elle ne s’est pas aggravée, notamment en ce qui concerne les déséquilibres financiers et budgétaires.

«Mon objectif est de servir la patrie et de consolider les acquis déjà réalisés par la BCT», a déclaré ce dernier, lors de la cérémonie de passation de pouvoir, en souligné l’importance du travail acharné et de la persévérance pour atteindre les objectifs. «Je suis convaincu qu’avec votre expertise, votre dévouement et votre patriotisme, nous relèverons les défis et connaîtrons le succès», a-t-il lancé aux cadres de la BCT.

Contrairement à son prédécesseur, économiste universitaire et monétariste, ancien cadre de la Banque Mondiale, qui n’avait pas d’activité politique connue avant son accession à la tête de la BCT, Fathi Zouhaier Nouri était, pour sa part, membre du Mouvement des démocrates socialiste (MDS), parti d’opposition sous Bourguiba devenu parti satellite (ou de décor) sous Ben Ali, du milieu des années 1990 jusqu’à la chute de l’ancien dictateur et la «mort subite» de ce parti au lendemain de la révolution de 2011. On ne sait pas si cette fibre politique lui sera utile dans ses nouvelles fonctions, mais on pense qu’il en aura besoin pour traverser les tempêtes qui s’annoncent.

Quoi qu’il en soit, souhaitons-lui du succès dans ses nouvelles fonctions, même si sa marge de manœuvre risque d’être encore plus étriquée que celle de Marouane Abassi, qui peut se consoler d’avoir quitté une barque qui tangue dangereusement.

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