La guerre que mène Israël contre la bande de Gaza, où plus d’un million et demi de Palestiniens sont menacés de faim et de mort, jette une ombre lourde sur la région du Moyen-Orient où plus de 350 millions de musulmans s’apprêtent à célébrer Ramadan, le mois du jeûne musulman. Les veillées ramadanesques auront cette année un goût amer.
Par Lorenzo Trombetta
Le mois du jeûne musulman commencera lundi ou mardi, selon l’observation ou pas du croissant de lune, alors qu’une partie de la communauté internationale appelle à un cessez-le-feu immédiat à Gaza et que la discussion se poursuit encore sur une éventuelle trêve des hostilités à l’occasion du mois saint de Ramadan pour faire parvenir l’aide alimentaire aux populations civiles sous les bombes israéliennes depuis le 7 octobre dernier.
Le jeûne pendant le Ramadan est l’un des cinq préceptes fondamentaux de l’islam : pendant la journée, les fidèles doivent s’abstenir de manger et de boire.
Le jeûne est rompu (iftar) tous les jours au coucher du soleil, généralement en se réunissant avec la famille et les amis.
«Une opportunité pour trouver la paix intérieure»
«Je vais passer le Ramadan avec mon téléphone portable à la main en suivant les nouvelles de Gaza tout en regardant les dernières séries télévisées depuis mon canapé», explique Safwan, un fonctionnaire de Beyrouth, au Liban, en première ligne dans l’échange quotidien et sanglant entre le Hezbollah et Israël.
Les plateformes de streaming et les productions de fiction interarabes s’efforcent chaque année de proposer une offre variée de divertissements en série pendant le mois de Ramadan : cette année, le public sera partagé entre des drames à contexte historique, qui font écho au thème des conflits armés et des luttes de pouvoir, avec d’autres «musalsalat» (séries télévisées en arabe) en apparence seulement plus légères, traitant de thèmes sociaux et se déroulant dans des environnements familiaux.
Mais le Ramadan n’est pas seulement un moment de divertissement. «Ce Ramadan sera pour moi un mois de véritable purification et d’expiation», déclare Suha, une Palestinienne originaire de Naplouse, en Cisjordanie, qui a émigré en Italie. «Après avoir passé des mois à suivre les terribles nouvelles en provenance de Gaza, j’ai décidé d’investir mon temps dans la prière et dans la collecte d’aide pour les enfants orphelins de la bande de Gaza», ajoute Souha, qui explique : «Pendant le Ramadan, je m’y consacrerai entièrement», déclare Suha. Hussein, qui poursuit des études religieuses à Bagdad, se dit cette année «plus motivé que les autres années à considérer le Ramadan comme une opportunité pour trouver la paix intérieure, surtout après tous ces mois de traumatisme collectif et de souffrance pour ce qui se passe à Gaza», en Irak et dans toute la région.
«Il n’y a aucune perspective ici…»
A Damas, en Syrie, autre capitale du Moyen-Orient frappée à plusieurs reprises par les raids israéliens sur des positions de groupes armés pro-iraniens, Maha se demande si «ce sera le dernier Ramadan que je passerai avec ma famille». Cette jeune étudiante en économie dans un pays en guerre depuis 13 ans et aux prises avec une profonde crise économique exacerbée par les sanctions occidentales, a en effet demandé à émigrer au Canada. Et elle attend avec impatience de pouvoir «s’enfuir», car «il n’y a aucune perspective ici…» «Qui sait ce que ce sera de passer le Ramadan dans le froid et la neige au Canada l’année prochaine ?», se demande-t-elle.
Traduit de l’italien.
D’après Ansamed.
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