Les visites des hauts responsables de l’Etat au port de Radès et à l’aéroport de Tunis-Carthage, deux des principaux poumons économiques du pays, se poursuivent et se ressemblent, sans amélioration notable dans la qualité des services dispensés par ces infrastructures frappées de vétusté et qui sont, surtout, très mal gérées. Que peut-on sérieusement attendre de telles visites ?
Par Imed Bahri
En vérité, nous ne nous attendons pas à des miracles après les dernières visites effectuées à ces deux pôles logistiques par Sarra Zaâfrani, la ministre de l’Equipement et de l’Habitat, également chargée de l’intérim du département des Transports, après le limogeage de l’ex-titulaire du poste Rabie Majidi.
Au port de Radès, où elle s’est rendue jeudi 12 mars 2024, Mme Zaafrani «a appelé à l’élaboration de programmes communs de travail et à la mise en place de solutions opérationnelles pour améliorer la rentabilité du port en coordination avec les différents acteurs impliqués.»
Par la même occasion, «elle a pris note des mesures prises par l’Office de la marine marchande et des ports (OMMP), en coordination avec les parties concernées, pour contenir l’explosion survenue dans un dépôt de gaz appartenant à la Société nationale de distribution des pétroles (SNDP Agil), afin d’assurer la continuité des travaux dans la zone pétrolière», selon un communiqué du ministère des Transports.
Les services aux citoyens ne cessent de se détériorer
Hier, lundi 18 mars, Mme Zaâfrani a visité les terminaux n°1 et n°2 de l’aéroport international de Tunis-Carthage où elle a «souligné la nécessité d’intensifier les efforts conjoints afin de bien préparer la saison estivale et d’assurer toutes les conditions favorables au bon retour des Tunisiens expatriés et à la saison de la Omra», lit-on lundi dans un communiqué du ministère des Transports.
Le ministre a, également, «appelé à fournir aux passagers des services de meilleure qualité ainsi qu’à résoudre le problème des retards de vol et de la mauvaise gestion des bagages.»
Concernant les services d’assistance en escale (gestion des bagages, enregistrement des passagers et salles d’attente…), le ministre a «recommandé de numériser tous les services pour atteindre une plus grande efficacité.» Au complexe Tunisair Technics, elle a «vérifié l’avancement des travaux en cours et des différents avions en maintenance afin d’assurer une parfaite sécurité des passagers.»
La ministre par intérim a «visité», «pris note», «appelé à», «recommandé de»… Mais quoi encore ? Elle n’a pas annoncé de nouvelles décisions. Elle n’a pas non plus indiqué si les décisions annoncées par tous ses prédécesseurs au cours des dix dernières années ont bien été mises en œuvre et avec quels résultats et bilans.
Ce que les citoyens savent, en revanche, et qu’ils ne cessent de déplorer, c’est que les services, tant au port de Radès qu’à l’aéroport de Tunis-Carthage, non seulement ne s’améliorent pas, mais parfois même se détériorent. Allez demander aux voyageurs et aux opérateurs économiques ce qu’ils en pensent, eux qui continuent de se plaindre des lenteurs, des retards, des complications et des désagréments auxquels ils font face quotidiennement aussi bien à Radès qu’à Tunis-Carthage, et vous seriez édifiés sur ce qu’on peut sérieusement attendre des visites officielles et des déclarations gouvernementales, rarement suivies d’effet, malgré toute la bonne volonté qui semble animer ces hommes et ces femmes dont le «pouvoir» exécutif ne dépasse pas souvent celui d’un simple citoyen. Puisqu’ils sont souvent réduits à constater, à prendre note, à déplorer et à appeler à…
Des inchallahs sans lendemain
Pour revenir au port de Radès, Mme Zaâfrani aurait été bien inspirée de nous expliquer les raisons qui ont empêché la Tunisie de profiter jusque-là de la promesse de don américain devant lui être octroyé par la Millennium Challenge Corporation (MCC).
Ce don d’un montant de 500 millions de dollars devait être affecté au développement du système logistique du transport maritime dans le port de Radès et à la modernisation et l’amélioration de la gestion des ressources en eau : deux grandes urgences s’il en est pour notre pays. Mais le déblocage de ce don est empêché par la lenteur des réformes au port de Radès où règnent en maîtres les militants syndicaux et les ronds de cuir de l’administration publique qui profitent d’un système de corruption généralisée.
Cela Mme la ministre le sait sans doute, mais a-t-elle des solutions à proposer pour aider à sortir cette infrastructure vitale pour l’économie nationale de l’impasse où elle se trouve ? C’est là l’essentiel, tout le reste est une vaine agitation et des inchallahs sans lendemain…
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